Camouflet - Les pressions internationales et la position ferme des Palestiniens, rejetant la politique de colonisation d'Israël, ont fini par avoir raison de Netanyahu. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dû annuler un projet de construction de 20 000 logements. Ce projet, annoncé par le ministère du Logement, avait suscité une volée de condamnations des Etats-Unis et des Palestiniens. Sous pression internationale, M. Netanyahu a ainsi désavoué publiquement son ministre du Logement, Uri Ariel, membre du Foyer juif, un parti nationaliste religieux fervent partisan de la colonisation des Territoires palestiniens. «Le Premier ministre a donné ordre au ministre du Logement, Uri Ariel, de reconsidérer toutes les mesures concernant la planification (de ces logements) prise sans coordination préalable», a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre, publié hier soir. «Cette initiative ne contribue pas à la colonisation. Au contraire, elle lui porte tort. (...) Cette action provoque une confrontation non nécessaire avec la communauté internationale, au moment où nous nous efforçons de persuader des membres de la même communauté de parvenir à un meilleur accord avec l'Iran», a reproché M. Netanyahu. M. Ariel a plié et accédé à la requête du Premier ministre. L'annonce du projet de planification de 20 000 logements de colons en Cisjordanie occupée -un chiffre record- par le ministère du Logement a suscité «l'inquiétude» de Washington et de vives critiques des Palestiniens, qui s'étaient dit prêts à mettre fin aux négociations de paix si Israël ne revenait pas sur ces décisions. Elle a fait l'effet d'une bombe, alors qu'Israël et les Etats-Unis sont déjà à couteaux tirés sur la question nucléaire iranienne. M. Netanyahu a accusé la communauté internationale et en particulier les Etats-Unis de vouloir conclure à tout prix un «mauvais accord» avec Téhéran. Sitôt connu ce nouveau coup d'accélérateur à la colonisation, l?administration Obama a fait part de sa «surprise» et exigé des «explications» du gouvernement israélien. «Nous sommes profondément inquiets (...) nous avons été surpris par cette annonce et cherchons actuellement des explications auprès du gouvernement israélien», a déclaré Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat. Le secrétaire d'Etat, John Kerry, a téléphoné hier, mardi, au soir, au président palestinien, Mahmoud Abbas, selon une source palestinienne. M. Abbas avait prévenu que «le processus de paix était fini» si Israël ne revenait pas sur sa décision, selon le négociateur Saëb Erakat. Dans un premier temps, M. Netanyahu s'était contenté de bloquer la construction de 1 200 logements -sur les 20 000 programmés- dans le secteur très controversé E1 reliant Jérusalem-Est à la Cisjordanie. La communauté internationale, en particulier les Etats-Unis, a condamné fermement ce projet E1, qui couperait en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d'un Etat palestinien. Le Premier ministre israélien ne s'était, en revanche, pas opposé au projet de construction des 18 800 autres logements. Lors de sa récente tournée au Proche-Orient, pour tenter de relancer, apparemment en vain, des négociations israélo-palestiniennes dans l'impasse, le secrétaire d'Etat américain avait rappelé que son pays considérait la colonisation juive comme «illégitime». Il avait aussi rejeté les affirmations des dirigeants israéliens selon lesquelles les Palestiniens et les Etats-Unis auraient tacitement accepté la poursuite des projets de colonisation en échange de la libération, par étapes, de 104 prisonniers palestiniens.