Evénement - Une vingtaine de jeunes filles a défilé samedi dernier, de la Maison de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa, jusqu'au jardin Bennacer, vêtues de la légendaire m'laya constantinoise. Gracieuses et élancées, le port altier, les jeunes filles en m'laya distribuaient aux passants, gagnés par une grande curiosité, des brochures relatant l'histoire de ce voile, accompagnés de «djouzia», une friandise très appréciée faisant la réputation du Rocher, avant de prendre des photos souvenir au jardin Bennacer. «C'est en hommage à nos grands-mères que nous avons organisé ce défilé», a déclaré Houda Aïmeur, initiatrice de l'idée, étudiante en mastère-management. Il est très important en cette journée baptisée «Journée de la m'laya» de «renouer avec des traditions faisant partie de notre identité», selon elle. L'idée d'organiser une journée de la m'laya est partie d'une suggestion lancée via les réseaux sociaux, a indiqué Mlle Aïmeur, affirmant que jusqu'à la derrière minute, elle ne pensait pas que l'idée susciterait autant d'engouement. Auparavant, les participantes s'étaient lancées dans une véritable course contre la montre pour dénicher ce voile traditionnel qui a fini par disparaître, ou presque, au fil des années, n'étant plus porté que par quelques femmes d'âge mûr. La m'laya se porte suivant une technique spéciale que seules les Constantinoises maîtrisent, agrémenté d'un petit voile en dentelle qu'on surnomme «laâdjar» pour cacher leur visage. Dans le hall de la maison de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa, Mme Karima B., une quinquagénaire initiait les jeunes filles au port de la m'laya. «Après avoir serré la partie supérieure autour de la tête, on balance d'un mouvement bref du bras, appelé ‘'ramia'', l'aile droite puis l'aile gauche derrière l'épaule en les maintenant avec deux épingles», explique-t-elle, tout en joignant le geste à la parole, à de jeunes demoiselles tout ouïe. Les premières à avoir porté la m'laya sont les Constantinoises pour exprimer leur deuil suite à la mort de Salah Bey en 1792. Elles furent suivies des Sétifiennes. Après les massacres du 8 Mai 1945, le voile se répandit dans les régions avoisinantes, comme Souk Ahras, Jijel, Annaba, Skikda et Batna, en signe de tristesse suite à ces événements. Le voile constantinois, désormais absent des rues de la ville, ne fera ses rares apparitions que dans les funérailles, une occasion qui lui va bien d'ailleurs.