Résumé de la 1re partie Pris dans une tourmente de neige, l?homme s?arrête et trouve refuge dans la cabane d?un inconnu. Un ancien fusil était accroché aux soliveaux de bois brut qui soutenaient le toit de chaume. Plusieurs têtes de cerfs, d?ours et d?orignaux étaient suspendues tels des trophées de chasse aux murs blanchis à la chaux. Près de l?âtre, une bûche de chêne solitaire semblait être le seul siège que le maître de céans eut à offrir au voyageur qui frappait à sa porte pour lui demander l?hospitalité. Je me demandai quel pouvait être l?individu qui vivait ainsi en sauvage ? Je me torturai, en vain, la tête, moi qui connaissais tout le monde, mais je ne trouvais pas. Sur ces entrefaites, mon hôte entra et vint, sans dire un mot, prendre place en face de moi, à l?autre coin de l?âtre. ? Grand merci de vos bons soins, lui dis-je. Voudriez-vous m?apprendre à qui je dois une hospitalité aussi franche ? Moi qui connais les paroisses comme ma poche, j?ignorais, jusqu'à ce jour, qu?il y eut une maison située à l?endroit qu?occupe la vôtre et votre figure m?est inconnue. En disant ces mots, je le regardai en face et j?observai, pour la première fois, les rayons étranges que produisaient les yeux de mon hôte. On aurait dit les yeux d?un chat sauvage. Je reculai instinctivement mon siège sous le regard pénétrant du vieillard qui me regardait en face, mais ne me répondait pas. Le silence devenait pesant et mon hôte me fixait toujours de ses yeux brillants comme les tisons du foyer. Je commençais à avoir peur. Rassemblant tout mon courage, je lui demandai de nouveau son nom. Cette fois, ma question eut pour effet de lui faire quitter son siège. Il s?approcha de moi à pas lents et, posant sa main osseuse sur mon épaule tremblante, il me dit, d?une voix triste comme le vent qui gémissait dans la cheminée : ? Jeune homme, tu n?as pas encore vingt ans et tu demandes comment il se fait que tu ne connaisses pas celui qui fut, jadis, le richard du village ? Je vais te le dire, car ta visite, ce soir, me sauve des flammes du purgatoire où je brûle depuis cinquante ans. Je n?ai pu, jusqu'à ce jour, remplir la pénitence que Dieu m?a imposée. Je suis celui qui, jadis, par un temps comme celui-ci, avait refusé d?ouvrir sa porte à un voyageur épuisé par le froid, la faim et la fatigue. Mes cheveux se hérissaient, mes genoux s?entrechoquaient et je tremblais comme la feuille du peuplier pendant les fortes brises du Nord. (à suivre...)