En Algérie, les crédits bancaires ne sont pas encore un réflexe de la vie quotidienne. Pour nombre d?Algériens, il faut, en effet, réfléchir à deux fois avant de s?engager dans un long processus plein de contraintes, d?obstacles et surtout, profondément bureaucratique. A moins d?avoir de solides contacts au sein de ces institutions financières ou d?être préalablement recommandé par des connaissances haut placées, trouver un financement pour un projet d?investissement ou un emprunt pour un besoin domestique relève encore de la gageure. Hormis le crédit automobile et le crédit consommation qui restent encore très chers pour un grand nombre d?Algériens, les autres formules de financement des projets de la part des établissements financiers demeurent ou prohibitifs ou méconnus ou encore inaccessibles pour une grande partie des citoyens. Et, si sous d?autres cieux, ce sont les banques qui «harcèlent» les consommateurs et les clients pour ouvrir droit à un crédit, en Algérie, où est pratiquée une économie de marché unique au monde, c?est le contraire qui se produit avec toutes les dérives que l?on sait. Autrement dit, le secteur bancaire encore archaïque et très éloigné des normes et standards internationaux de la finance moderne, n?échappe pas, lui aussi, aux aléas du capitalisme à l?algérienne. Certes au niveau des textes et des institutions ou organismes qui en découlent, tout est normalement codifié. Mais c?est dans la pratique que tout chavire et bascule dans la gabegie et les passe-droits. Risque bancaire alibi, exigences d?hypothèque et de garanties préalables exorbitantes, dogmatisme de la rentabilité pour tout projet sont souvent les arguments que ces faux banquiers utilisent pour décourager le plus téméraire des promoteurs qui cherchent un financement. Reste à savoir si le fonds de garantie des crédits bancaires, qui vient d?être opérationnel, sera à même de permettre la mue salutaire pour les potentiels emprunteurs ou s?il faudra attendre encore la réforme radicale du système bancaire national qui n?a pas encore vu le jour malgré tous les beaux discours.