Rencontre - La scène footballistique s'agite en ce moment, notamment avec la tenue demain d'une réunion entre le président de la LFP et ceux des clubs professionnels. Si sous d'autres cieux le débat tourne sur le fair-play financier, notamment en Europe, ou bien sur la taxe à 75 % en France, en Algérie, la situation est toute autre puisque les clubs professionnels, lancés dans une aventure sans vision ni préparation, sont aujourd'hui dans l'expectative, pour ne pas dire en situation de faillite si on venait à appliquer à la lettre le code de commerce qui régit les sociétés sportives qui gèrent les clubs de football des Ligues 1 et 2. En effet, quatre ans après le lancement du professionnalisme en Algérie, soit au lendemain de la Coupe du monde-2010, le bilan est loin d'être reluisant. Il est même inquiétant, pour ne pas dire dramatique si l'on se réfère à la situation financière des clubs et à leurs rapports de gestion, si rapports il y a ! Et ce n'est pas la réunion de demain, à laquelle a appelé Mahfoud Kerbadj, président de la LFP avec les présidents de clubs des deux premiers paliers, dont l'ordre du jour portera sur le projet de plafonnement des salaires des joueurs qui va résoudre les problèmes de ces clubs. Il est clair, que ce sera un palliatif pour réduire, un tant soit peu, le gouffre financier que sont devenues les masses salariales de ces clubs qui, en parallèle, ne produisent aucune richesse, n'attirent pas les investisseurs et ne créent pas de spectacle. Les équilibres budgétaires ne sont pas assurés, les découverts et les dettes fiscales et parafiscales s'accumulent indécemment. Face à cette situation, les instances du football avaient décidé de mettre en place, en octobre dernier, une commission qui travaillerait sur ce projet de plafonnement des salaires, afin de limiter les dégâts engendrés par des clubs qui, malgré la crise, continuent à dépenser sans compter, notamment en matière de primes et de salaires. Des rémunérations à 2 MDA par mois et des primes de 200 000 DA par match, font frémir plus d'un père de famille qui n'arrive toujours pas à joindre les deux bouts avec un SNMG de 18 000 DA ! Seulement, les présidents de club ont une autre vision de la chose, car ils estiment qu'ils ont droit à un soutien plus important des pouvoirs publics qui ont décidé de prendre en main quelques formations, à l'image du MCA, du CSC, de la JSS et du MCO sous la manne de la Sonatrach et de ses filières, dont certaines ne sont pas forcément en bonne santé financière. C'est d'ailleurs ce qui s'est dégagé de la réunion des présidents de club tenue mercredi au siège de la société du boss du CRB, Réda Malek, et où les présents ont réitéré leur souhait de rencontrer le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour débattre de cette question cruciale qui risque, à terme, de remettre en cause toute la stratégie de l'Etat en matière d'accompagnement et de mise en place du professionnalisme. Les mesures prises à ce jour ont du mal à se concrétiser sur le terrain, des dérives graves sont constatées, une Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) qui n'a jamais fonctionné, des infrastructures qui ne sont pas mises à niveau et dépassées par le temps, une absence d'une réelle politique de formation au sein des clubs, et vous avez un décor loin d'être idyllique, d'une équipe nationale qui se qualifie au Mondial ou d'une fédération pleine aux as grâce au concours de grands sponsors.