Vers la fin de l'été 1987, fraîchement libéré, Paulin renoua avec ses anciennes connaissances et reprit sa vie de noctambule. Toujours décidé à organiser des soirées, il entreprit de mettre à jour son carnet d'adresses. Il se remit à fréquenter les discothèques et les bars homosexuels du quartier des Halles, apparaissant ici et là, plus exubérant que jamais. Paulin fréquenta assidûment Le Palace, une boîte de nuit célèbre, située rue du Faubourg Montmartre, à Paris. Toujours charmant et poli, Paulin dépensait sans compter pendant ces soirées : il payait comptant et laissait de très gros pourboires. Parfois il venait tous les soirs pendant une semaine puis disparaissait pendant un mois pour à nouveau ressurgir plusieurs soirs de suite. Toujours soucieux d'attirer les sympathies et poursuivant ses rêves ambitieux, il claironnait à qui voulait l'entendre qu'il était en train de monter une agence de mannequins. Le portier de l'hôtel du Cygne, où Paulin résida à cette époque, déclara, par la suite, que Paulin se faisait aussi passer pour un disc-jockey gagnant beaucoup d'argent. Paulin ne tuait plus, mais dilapidait toujours de grosses sommes d'argent aux yeux de tous. Il n'avait d'ailleurs jamais volé à ses victimes les sommes nécessaires à un tel train de vie. Cet argent provenait-il du trafic de cocaïne ou de cartes de crédits volées ? Les deux probablement. La clef de la «réussite» financière de Paulin résidait dans l'aplomb dont il faisait preuve. Le petit voyou toulousain état devenu un hors-la-loi branché qui s'était décoloré les cheveux et portait une boucle d'oreille. Plusieurs mois passèrent et, brusquement, la série noire reprit. Le 25 novembre 1987, Rachel Cohen, 79 ans, fut assassinée à son domicile, dans le Xe arrondissement et, le même jour, à une centaine de mètres de là, Mme Finaltéri, 87 ans, fut laissée pour morte par son agresseur, étouffée sous un matelas. Deux jours plus tard, toujours dans le Xe, Geneviève Germont, 73 ans, étouffée puis étranglée, succomba au 22, rue Cail. Le week-end qui suivit ces violences, Paulin l'employa à fêter ses 24 ans. Le samedi 28 au soir, il régala fastueusement ses amis au Tourtour, un établissement du quartier des Halles où il avait travaillé comme serveur en 1985. Les trois salles du restaurant furent réservées pour une cinquantaine de convives auxquels il avait adressé d'élégants cartons d'invitation. Le jeune homme n'avait négligé aucun détail et, grand seigneur, passa la soirée à tenter d'impressionner ses invités. Il avait convié son avocat (!!!), Me Page, ainsi que toute la faune nocturne qu'il côtoyait désormais régulièrement. L'addition avait été réglée d'avance et en espèces. Le menu raffiné fut arrosé au champagne. Paulin fut, comme à son habitude, très élégant, en spencer noir, chemise blanche et cravate. Le lendemain soir, Paulin invita, à nouveau, une vingtaine de personnes dans un autre restaurant, à Pigalle cette fois, le Minou Tango. Le lundi encore, il s'exhiba, dans un long manteau gris, au New Copa, grande boîte africaine fréquentée par les diplomates noirs en poste à Paris.( à suivre...)