Apaisement - Le gouvernement sud-soudanais s'est dit prêt à un «cessez-le-feu immédiat» avec les rebelles de l'ancien vice-président Riek Machar. C'est ce qu'ont annoncé, hier, vendredi, des dirigeants africains après des jours d'intenses combats dans cette jeune nation. Réunis en sommet à Nairobi, des responsables de l'Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad), organisation de pays de la Corne de l'Afrique et d'Afrique de l'Est, ont enjoint à MM. Kiir et Machar d'entamer un dialogue et de cesser les hostilités d'ici au 31 décembre, faute de quoi ils prendront d'autres mesures non précisées. Ces dirigeants «appellent le Dr Riek Machar et les autres parties à prendre des engagements similaires». MM. Kiir et Machar ont formellement accepté d'entamer des pourparlers. Mais dans sa première réaction, M. Machar n'a pas pris d'engagement clair sur un éventuel cessez-le-feu. Dans une déclaration au World Service de la BBC, le chef des rebelles a répondu que toute trêve devrait être supervisée, et il a réclamé que le président Salva Kiir libère tous ses alliés actuellement détenus. «Le cessez-le-feu doit être supervisé. Ma position est qu'un cessez-le-feu doit être négocié de telle sorte qu'un mécanisme soit mis en place pour le superviser», a déclaré Riek Machar. «Deuxièmement, j'ai dit aux médiateurs que pour que les négociations commencent, il vaut mieux que Salva Kiir libère d'abord les détenus politiques», a-t-il ajouté. Sur le terrain, les combats, qui frappent au moins la moitié des dix Etats sud-soudanais, se poursuivaient, les deux parties affirmant, chacune de leur côté, avoir pris le contrôle d'une nouvelle ville stratégique: Malakal, la capitale de l'Etat du Haut-Nil, riche en pétrole. Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par d'intenses combats qui menacent de dégénérer en guerre civile. Les forces rebelles ont pris en quelques jours le contrôle de capitales régionales comme Bentiu, dans l'Etat pétrolier d'Unité, et Bor, dans celui du Jonglei, reprise par l'armée mardi dernier. Depuis plusieurs jours, des informations émergent sur des violences entre communautés: meurtres, viols, massacres. L'ONU a annoncé la découverte d'au moins un charnier à Bentiu, et un bilan sur l'ensemble du pays de plusieurs milliers de morts. Selon elle, plus de 120 000 personnes ont été déplacées depuis une dizaine de jours. «Ce conflit, qui était d'abord un conflit politique, a dégénéré en une confrontation armée et prend maintenant un caractère tribal, ce qui peut déchirer le tissu social du pays et menacer les institutions de l'Etat», s'est alarmé hier, vendredi, le directeur du département Paix et Sécurité de l'Union africaine, El Ghassim Wane. Les premiers renforts de maintien de la paix sont arrivés hier, vendredi, au Soudan du Sud .Un contingent de 72 policiers, venu de République démocratique du Congo, est arrivé trois jours après la décision du Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser l'envoi de 6 000 Casques bleus supplémentaires et des moyens aériens pour protéger les civils.