Décision - Le fait marquant de cette fin de la phase aller des Ligues 1 et 2 et de l'année 2013, c'est l'acceptation par les présidents des clubs du principe du plafonnement des salaires. Devant l'échec de l'expérience du professionnalisme du football algérien, entamée depuis 2010, et pour tenter de sauver des SSPA venues remplacer les CSA, les instances de la balle ronde ont décidé du principe du plafonnement des salaires des footballeurs. L'idée n'est pas nouvelle, puisque à plusieurs reprises le sujet a été abordé par le passé dans notre football, notamment par le Forum des présidents des clubs professionnels, ou bien pratiqué ailleurs, dans d'autres disciplines comme aux Etats-Unis dans la NBA (le championnat de basket professionnel). Toujours est-il que chez nous, l'idée a fait son chemin et au détour d'une commission de travail mise en place à cet effet au mois d'octobre, la FAF et la LFP ont présenté lors de la dernière réunion du bureau fédéral le fameux projet de plafonnement des salaires des footballeurs. Devant la situation déficitaire des 32 clubs professionnels, dont la dette des salaires non payés est évaluée à 35 milliards de centimes, les instances vont tenter cette expérience de plafonnement desdits salaires, et ce – normalement – à partir de la saison prochaine. Pour ce faire, la FAF et la LFP n'ont eu en tout et pour tout que deux tours de table avec les clubs pour les amener à accepter ce projet, sans qu'une partie importante du dossier, en l'occurrence les joueurs ou ce qui devrait être leur représentation syndicale, qui, malheureusement, n'existe pas, soit conviée aux discussions. Le problème, c'est qu'au sortir de la dernière réunion FAF-présidents de club, certains parmi ces derniers ne semblaient pas très convaincus bien qu'ils aient voté «oui» ! A l'image du boss de la JSK, qui, lors d'une déclaration radiophonique vendredi dernier, a indiqué que, certes, il a donné son accord pour le plafonnement des salaires, mais qu'il n'était pas vraiment convaincu par cette démarche qui va à l'encontre des règles commerciales. Du coup on se pose plusieurs questions : comment amener un joueur à signer un avenant pour la baisse de ses revenus, puisqu'il est prévu une application stricte y compris pour les contrats en cours ? Sur quelle base juridique et réglementaire imposer à une SSPA de payer son joueur au niveau qu'elle le veut ? Que fera un investisseur algérien ou étranger s'il veut reprendre une part des actions du club et adopter sa propre grille des salaires ? Comment seront payés les joueurs étrangers, surtout s'il s'agit de grosses pointures ? Qu'en est-il du cahier des charges du professionnalisme tel qu'il a été exigé par la Fifa et la CAF qui ne prévoient pas de telles dispositions anti-commerciales ? Cela, alors que les instances du football ont d'autres solutions, celles de faire appliquer la réglementation en vigueur, de faire activer sérieusement la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion) ou de retirer les licences professionnelles aux clubs dont le seul souci serait le fait qu'ils soient interdits de joutes continentales. Cela ne devrait pas poser de problème puisque plusieurs clubs ne veulent plus de ces compétitions, préférant évoluer en vase clos et permettre aux joueurs, entraîneurs et certains dirigeants de se remplir les poches. Le chiffre Un barème à trois niveaux Avec cette nouvelle mesure, on devrait avoir un barème simpliste à trois niveaux : un palier de salaire coté à 1,2 million de dinars pour les joueurs internationaux de Ligue 1, ensuite un autre palier de 800 000 dinars pour les joueurs de Ligue 1 et les ex-internationaux, alors que les joueurs de Ligue 2 devraient émarger à 500 000 dinars mensuels, sans compter les indemnités et autres charges. Les instances avertissent que les clubs doivent se conformer à cette nouvelle grille une fois adoptée officiellement et tout contrat ne répondant pas à ces exigences sera rejeté. Et si ce plafonnement ne provoquait pas l'apparition de caisses noires, une pratique qui n'aura pas de problèmes pour se mettre en place comme l'est le marché informel en Algérie ? Il est temps de se pencher sur des solutions réelles et viables, quitte à ce qu'elles soient douloureuses, au lieu d'approfondir le bricolage, malheureusement érigé en acte de gestion. On reviendra sur le sujet dans nos prochaines éditions. La politique Saâdane : «Un travail de base s'impose» L'actuel DTS de l'ES Sétif, Rabah Saâdane, a estimé hier qu'il était essentiel de revenir au «travail de base» pour donner une nouvelle impulsion au football algérien et au sport en général. «Il est indispensable de repenser la politique du sport algérien, en faisant participer tous les acteurs du sport national. Une plus grande coordination est nécessaire dans le travail entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et les fédérations sportives. A l'heure actuelle, les instances travaillent individuellement. Il faut donner de l'importance aux jeunes catégories et se préoccuper beaucoup plus de leur formation à travers la création à grande échelle, d'académies sportives pour le football et les autres disciplines» a souligné Saâdane, invité du forum DK News. Il est également revenu sur l'entrée du football algérien dans l'ère du professionnalisme soulignant qu'il «fallait absolument ôter de nos esprits le mode de gestion qui prévalait dans les années 1970 et 1980 quand les entreprises nationales entretenaient le football national. «Le professionnalisme exige une réflexion profonde qui nécessite beaucoup de temps», dit-il en expliquant que cela prendrait du temps et qu'il faut avancer «progressivement» prenant en exemple la Tunisie a qui il a fallu des années pour y arriver.