Décryptage - Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a été l'invité du premier forum de la chaîne privée Dzaïr TV où il s'est attardé sur plusieurs sujets d'actualité. Pour bien débuter l'année, cette chaîne de télévision a frappé fort en invitant sur le plateau de son premier forum, le président de la FAF dont les sorties médiatiques sont souvent rares, surtout dans un média lourd. Le patron de la FAF était accompagné du président de la Ligue de football professionnel, Mahfoud Kerbadj, du directeur technique national, Saïd Haddouche, du sous-directeur chargé de la formation, Toufik Korichi, et de deux techniciens, Mustapha Biskri et Achouri. Raouraoua fera, durant plus d'une demi-heure, une présentation du bilan des activités de la fédération, en précisant au passage que ce n'est pas à lui de juger si ce bilan est positif ou non, car cela est du ressort de l'assemblée générale qui se prononcera lors de la prochaine AG. Avant d'aller dans les détails, Raouraoua a rappelé que le football est un facteur de cohésion sociale, ce qui explique l'intérêt que lui portent les pouvoirs publics, notamment à la faveur des qualifications de notre équipe nationale en Coupes du monde. En évoquant dans le détail tous les chantiers de la fédération, à savoir la professionnalisation du football, l'organisation et la structuration des compétitions, la direction technique nationale, la formation, les infrastructures, Raouraoua a voulu passer un premier message celui de ne pas être le président de l'équipe nationale seulement, comme l'estiment certains. Pour son deuxième mandat consécutif à la tête de la fédération, le troisième depuis 2001, Mohamed Raouraoua s'est appuyé sur beaucoup de chiffres pour situer la place qu'occupe aujourd'hui le football national qui renferme pas moins de 60 ligues pour près de 200 000 licenciés, ce qu'il a qualifié d'énorme par rapport à plusieurs pays d'Afrique et d'Asie, voire d'Europe. Ils sont 2 033 clubs à activer en Algérie avec une moyenne de 3 000 matches chaque week-end pour 300 championnats, nécessitant la mobilisation de 5 000 arbitres. Avec tout cela, l'Algérie dispose d'un millier de stades, tous homologués pour les différents championnats, mais pratiquement aucun d'eux ne répond aux normes ni aux exigences des standards internationaux, ce qui explique le retard à rattraper à ce niveau. De même que le coût des différents championnats que le président considère comme énorme et pour lequel les droits d'engagement des clubs et les subventions de l'Etat sont largement insuffisants pour permettre un bon fonctionnement, surtout si on compare notre football avec d'autres nations plus nanties et plus développées. En effet, l'Algérie est bien loin des 6,3 millions de licenciés en Allemagne pour 26 800 clubs et des milliers de stades ! D'où l'intérêt, selon lui, d'engager une sérieuse réforme par les pouvoirs publics pour relancer cette discipline qui s'appuie, malheureusement, sur une majorité de joueurs formés et évoluant à l'étranger pour former l'équipe nationale. C'est ce revers de la médaille qui fait rappeler aux instances du football que le chemin est encore long, notamment dans le cadre de la formation où de gros déficits sont constatés en matière de centres et d'entraîneurs-formateurs. L'apport «Le MJS va injecter 300 milliards pour la formation» Toujours dans le domaine de la formation, où l'Algérie du football accuse un grand retard, le président de la fédération a indiqué que les pouvoirs publics ne lésinent pas sur les moyens pour apporter leur soutien et que le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, est en train de fournir de gros efforts pour aider cette discipline. La preuve est cette décision d'injecter 300 milliards de centimes qui se morfondaient dans un fonds du MJS et qui seront affectés, sur la base d'un certain nombre de critères, au secteur de la formation en privilégiant l'infrastructure de base. A cet effet, huit pôles de développement sont prévus à travers le pays et seront dotés de centres comme celui de Sidi Moussa, ce qui engendrera une décentralisation de la formation. La formation ne concernera d'ailleurs pas seulement le volet technique, mais sera élargie aux administrateurs, les directions techniques des clubs, les directeurs de sécurité. Raouraoua n'omettra pas dans son discours, de remercier les services de la DGSN et de la Gendarmerie nationale pour tous les efforts qu'ils font pour permettre le bon déroulement des compétitions chaque week-end à travers le vaste territoire que compte le pays, comme il remerciera tous les bénévoles, hommes et femmes, qui travaillent au niveau des clubs, des ligues et de la fédération pour que survive et se développe le football algérien. L'exigence «Des entraîneurs diplômés pour les clubs de l'élite» «Nous avons lancé le professionnalisme, alors que certains ont estimé qu'il y a eu précipitation et qu'il fallait du temps. Mais on devait y aller car les clubs qui nous ont élus, avaient émis le vœu de se lancer dans cette aventure. Il fallait faire cette expérience et laisser décanter. Aujourd'hui, la décantation s'est faite». Le président de la fédération a estimé que l'environnement économique n'est pas encore propice pour permettre aux clubs de trouver des ressources financières suffisantes. Malheureusement, nos clubs ne sont pas riches et cela est dû à des problèmes de gestion. C'est pourquoi, il faut songer à former tous ceux qui travaillent au niveau des clubs qu'ils soient dirigeants, techniciens, préparateurs physiques, etc. A titre d'exemple, pour devenir préparateur physique, il faut aujourd'hui un diplôme universitaire, alors que chez nous c'est un simple module à l'ISTS/INFS. La même chose pour l'entraîneur des gardiens de but qui nécessite une formation plus approfondie. Raouraoua indiquera que la DTN a déjà formé près de 3 000 entraîneurs, dont des diplômes CAF (A, B et C). «Lors de la dernière réunion avec les présidents de club, on a convenu de rehausser le niveau avec l'exigence des diplômes aux entraîneurs à partir de la saison prochaine. Il ne faut pas oublier que pour obtenir un diplôme CAF A, il faut au moins une expérience de dix ans». Concernant le problème d'instabilité des entraîneurs au niveau des clubs, qui a atteint des seuils intolérables (une quinzaine de techniciens déjà partis de onze clubs pour 26 changements rien que lors de la phase-aller du championnat, le président Raouraoua a estimé que le problème se situait au niveau des contrats qui ne sont pas conformes et ne sont pas élaborés convenablement comme c'est le cas pour les coachs étrangers. Les objectifs assignés aux entraîneurs doivent être clairement précisés dans les contrats et au cas échéant un contrat peut être rompu à juste cause, comme a tenu à le préciser le patron de la FAF. La projection «L'ESS, l'USMA, le MCA et le CSC auront bientôt leur licence CAF» Lors du débat qui a suivi l'introduction faite par le président de la Fédération algérienne de football, ce dernier a répondu à toutes les questions des journalistes. Parmi les nouvelles annoncées par Mohamed Raouraoua c'est celle concernant les quatre clubs, que sont l'ES Sétif, l'USM Alger, le MC Alger et le CS Constantine qui devront obtenir leurs licences CAF tout prochainement, ce qui leur permettra de participer aux compétitions internationales à partir de cette année. «Les autres clubs suivront, lorsqu'ils rempliront les exigences du cahier des charges de la Confédération africaine de football», affirmera le locataire du siège de Dély Ibrahim. Pour ce dernier, si on venait à appliquer à la lettre les critères de ce cahier des charges, aucun club ne pourrait participer à une compétition continentale. Il se demandera d'ailleurs comment un club comme l'Entente de Sétif veut participer à la Ligue des champions 2014, alors que ses propres joueurs ne sont pas payés depuis cinq mois ! Raouraoua a rappelé que cette saison, le calendrier est infernal et que les clubs qui ont choisi de prendre part aux coupes africaines auront des difficultés, même si le CS Constantine aura l'avantage d'être transporté par la compagnie Tassili Airlines. Par ailleurs, à la question si l'USM El-Harrach, qui a décidé de se retirer tout récemment de la Ligue des champions, sera sanctionnée par la CAF, Raouraoua renverra les dirigeants à la réglementation de cette institution, tout en indiquant qu'officiellement l'instance qu'il dirige n'a rien reçu jusqu'à présent car il n'y a eu que des déclarations des dirigeants ici et là dans la presse, tout en prédisant que le club Harrachi encourt une amende de 1 500 dollars en cas de défection officielle. Toujours est-il que Raouraoua reste persuadé que le «niveau de nos clubs ne leur permet même pas d'atteindre la phase finale des joutes continentales et dans ce cas, leur situation ne sera que davantage fragilisée ».