Disparition - La nouvelle est tombée dans la soirée d'hier sur le réseau social Facebook. M'hamed Benguettaf nous a quittés, à l'âge de soixante-quinze ans, des suites d'une longue maladie qui l'avait écarté de la scène culturelle. La disparition de ce grand dramaturge, directeur du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi et ce, depuis 2004 est une grande perte pour le théâtre algérien. Figure marquante du théâtre algérien, d'abord en tant que comédien, puis en tant qu'auteur, M'hamed Benguettaf, qui a travaillé pour la radio avant de se consacrer entièrement au théâtre, a suivi une carrière qui, d'ailleurs, s'est révélée prometteuse, riche en expériences multiples. Figurant parmi les fondateurs de la compagnie Masrah El-Kalâa (Théâtre de la Citadelle), M'hamed Benguettaf, traducteur et adaptateur de Nazim Hikmet, Kateb Yacine, Ali Salem, Mahmoud Diab ou Ray Bradbury, est né le 20 décembre 1939 à Hussein Dey (Alger). Celui qui estimait avoir bouclé la première grande étape de son parcours qu'il assimilait, suivant ses propres termes, à «un stage de formation professionnelle», étape à la faveur de laquelle il pensait avoir réuni les outils de son propre langage et s'être forgé désormais sa voix d'auteur dramatique, a étudié dans sa jeunesse à la medersa de Constantine. Après avoir donc intégré la Radio algérienne en 1963, M'hamed Benguettaf, toujours attiré par l'art des planches, s'adonne à ce qu'il considère comme une passion et son avenir : il se lance dans le 4e art. Entre 1966 et 1989, il travaille au Théâtre national algérien (TNA). En 1990, il fonde la compagnie Masrah El-Kalâa (Théâtre de la citadelle) avec le dramaturge Ziani Cherif Ayad, avant de diriger le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi. Celui qui, tout au long de son parcours professionnel atypique, a su se forger une personnalité et un nom bien particulier, M'hamed Benguettaf est auteur d'une quinzaine de pièces de théâtre, comme Djeha et les gens (1980), Arrêt fixe (1995) ou encore Fatma, le bruit des autres (1998). M'hamed Benguettaf, qui, à lui seul, constitue toute une génération d'hommes et de femmes ayant donné au 4e art algérien ses lettres de noblesse, s'est aussi illustré en tant que comédien en interprétant des rôles dans des œuvres de dramaturges algériens, à l'instar de Kateb Yacine, Ould Abderrahmane Kaki et bien d'autres encore, ou du répertoire universel comme Shakespeare, Molière ou Brecht. Il s'est illustré également en tant que metteur en scène. Ceux qui ont connu, côtoyé ou encore travaillé avec cette grand figure du théâtre algérien soutiennent que «M'hamed Benguettaf est un modèle de personnalité pour qui l'instruction qu'il recherchait avait pour objectif non seulement de parfaire sa personnalité, mais surtout d'être utile à la communauté». M'hamed Benguettaf qui a toujours eu foi en l'avenir du théâtre algérien et qui a tout le temps voué un grand amour et un grand respect à son métier qu'il a toujours exercé avec beaucoup d'abnégation, a contribué à l'enrichissement de l'art des planches. Le défunt sera enterré aujourd'hui lundi au cimetière d'El-Alia à Alger.