Victoire - La ligue Awami, au pouvoir au Bangladesh, a comme prévu, remporté les élections législatives d'hier, boycottées par le principal parti d'opposition (BNP). En enlevant 105 circonscriptions, le parti du premier ministre, Sheikh Hasina, est assuré d'une majorité supérieure aux deux tiers. Le résultat du scrutin ne faisait aucun doute, la ligue Awami et ses alliés se présentant sans adversaires dans 153 circonscriptions sur 300. Elle a remporté au moins 86 des 147 sièges restants sur 116 dont les résultats étaient connus ce matin. Ses alliés ou des indépendants s'adjugent la différence. Mais la mort d'au moins 18 personnes dans des émeutes élargit la fracture politique dans cette jeune démocratie qui a connu une vingtaine de coups d'Etat depuis son indépendance, en 1971 à la suite de son indépendance du Pakistan. Des milliers d'opposants à Sheikh Hasina Wajed ont incendié ou vandalisé plus de 200 bureaux de vote. Deux personnes ont été battues à mort en protégeant des bureaux de vote dans des districts du Nord, où l'opposition nationaliste est très implantée. Les autres victimes de ces heurts sont des militants de l'opposition abattus par les forces de l'ordre et un chauffeur de camion qui a péri dans son véhicule incendié par des assaillants. La compagne électorale pour ces élections s'est déroulée dans ce climat délétère. Pas moins de 50 000 soldats avaient été mobilisés dans la crainte de nouvelles violences, au terme d'une campagne délétère et des mois de grèves, de manifestations et de blocages qui ont coûté la vie à 150 personnes. Contestant ces élections, l'opposition a appelé à une nouvelle grève de 48 heures pour protester contre «la farce électorale» et dénoncer la répression qui a fait, selon elle, 22 morts dans ses rangs. Avant la tenue de ces élections législatives, le BNP réclamait la mise en place d'un gouvernement neutre et provisoire, comme ce fut le cas dans le passé. Mais le gouvernement a refusé. Le Bangladesh a connu en 2013 les violences les plus meurtrières depuis sa création. Selon une ONG, ces violences auraient fait jusqu'à 500 morts, dont 150 depuis le début au mois d'octobre. Des grèves, des manifestations et des blocages ont été organisées par l'opposition pour obtenir l'annulation du scrutin. La participation pourrait être inférieure à celle de 26 % enregistrée en 1996 lors d'une élection truquée. Cette faible participation risque de constituer un handicap pour le parti d'obédience socialiste de Sheikh Hasina, qui pourrait être contrainte à un compromis avec sa rivale conservatrice. Avant l'élection, les Etats-Unis, le Commonwealth et l'Union européenne s'étaient dit vivement préoccupés par le risque d'embrasement dans ce pays de 154 millions d'habitants, le huitième le plus peuplé du monde. Ils avaient renoncé à envoyer des observateurs, estimant que les conditions d'un scrutin libre et transparent n'étaient pas réunies.