Discussion - Alors que l'opposition en exil a accepté de participer à la conférence de paix de Genève II, celle de l'intérieur a décidé de boycotter. Au terme de discussions à huis clos dans un hôtel de la lointaine banlieue stambouliote, 58 membres de la Coalition de l'opposition ont voté oui, 14 non, 2 se sont abstenus et 1 a voté blanc hier, samedi. Seuls 75 des quelque 120 délégués de l'opposition modérée au régime de Damas ont pris part au scrutin à bulletins secrets. Hier, pour la deuxième journée consécutive, la Turquie et le Qatar, mandatés par l'ensemble des parrains occidentaux et arabes de l'opposition, ont réuni à Ankara quatre groupes de combattants rebelles syriens, dont le Front islamique, qui ne font pas partie de la Coalition, pour les convaincre de l'utilité de Genève II, a indiqué une source diplomatique. Au moins trois d'entre eux ont donné leur accord pour intégrer la délégation de l'opposition en Suisse, selon cette même source. Le débat sur l'envoi d'une délégation à Montreux (Suisse), où doit se tenir la conférence dite Genève II, mercredi prochain, divise profondément les membres de l'opposition modérée au président Bachar al-Assad, tiraillée entre les rivalités qui opposent ses deux principaux soutiens financiers, l'Arabie Saoudite et le Qatar. A l'intérieur, l'opposition syrienne a annoncé, mercredi dernier, sa décision de boycotter la conférence internationale sur la paix en Syrie, jugeant qu'un scénario a été préparé à l'avance par les puissances étrangères pour décider du sort des Syriens. Depuis des semaines, les adversaires de Bachar al-Assad se déchiraient sur l'opportunité de s'asseoir à la même table que les représentants d'un régime dont ils veulent la chute depuis bientôt trois ans. Sous l'influence de son fidèle soutien russe, le régime syrien avait de son côté fait avant-hier, vendredi, une série de concessions «humanitaires» qui répondaient à certaines exigences de l'opposition. A l'issue d'une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Moscou, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a proposé un «échange de prisonniers» et un plan prévoyant «l'arrêt de toutes les actions militaires» dans la région d'Alep (nord). Les conditions de ce cessez-le-feu restaient encore floues hier. «Les détails et les mécanismes seront précisés une fois obtenu l'accord des autres parties», a déclaré une source au sein des services de sécurité à Damas. Les promesses du régime ont connu par ailleurs une première manifestation concrète. Pour la première fois depuis septembre 2013, de l'aide alimentaire a pu entrer samedi dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas. L'armée du régime assiège ce camp occupé en grande partie par les rebelles depuis des mois. La conférence de Genève II a pour objectif de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile qui déchire la Syrie et qui a fait plus de 130 000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.