Manifestation - De violents affrontements causant des dizaines de blessés ont éclaté, hier, à Kiev lors d'une manifestation de 200 000 opposants pro-européens. Alors que le rassemblement sur la place de l'Indépendance, aussi baptisée Maïdan, touchait à sa fin, plusieurs centaines de manifestants, certains portant des foulards ou des cagoules et armés de battes de baseball ou de chaînes, ont tenté de franchir un cordon de policiers non loin de la place pour se rendre vers le Parlement et se sont emparés de fourgons de police. Dans un accès de violence rarement vu depuis le début de la contestation, ils ont mis le feu à deux d'entre eux, ainsi qu'à cinq autobus, et lancé des pierres et des fumigènes mais aussi des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre. Celles-ci ont répondu par des gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et des coups de matraque. «Nous resterons jusqu'à la fin», ont scandé les centaines de manifestants engagés dans les affrontements. «Nous déclarons illégale la nouvelle législation adoptée», a déclaré M. Klitschko depuis une scène installée sur la place. «Le Parlement a perdu sa légitimité, cela signifie que nous devons créer un conseil du peuple parmi les hommes politiques d'opposition», a, de son côté, dit Arseni Iatseniouk. Les responsables politiques de l'opposition ont toutefois été sifflés par la foule, qui leur reproche de ne pas avoir de plan d'action et de vrai leader. Quatre participants aux heurts ont été arrêtés, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans la soirée. Selon les services médicaux, 24 personnes ont été blessées et trois autres hospitalisées. La police a, elle, chiffré à 70 le nombre de ses hommes blessés. Selon le ministère de l'Intérieur, certains de ces derniers ont subi des traumatismes crâniens. L'un d'eux a été attrapé par les protestataires et passé à tabac. Dans l'après-midi d'hier, près de 200 000 personnes avaient protesté de manière pacifique sur Maïdan, bravant les nouvelles lois promulguées vendredi par M. Ianoukovitch qui introduisent ou renforcent les sanctions à l'encontre des manifestants. Près de trois heures après le début des affrontements, la police a employé des canons à eau, par -7°, sans pour autant parvenir à disperser les protestataires, selon des témoins. La police a démenti avoir fait usage de canons à eau. Avant d'aller rencontrer le président, le boxeur et leader de l'opposition, Vitali Klitschko, a appelé au calme et demandé au chef de l'Etat de «retirer la police». «La violence ne mène à rien sauf au bain de sang», a déclaré aux manifestants Arseni Iatseniouk, responsable du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, appelant à ne «pas céder aux provocations». Après cette journée, le président Viktor Ianoukovitch a promis de créer une commission avec des représentants de l'opposition pour mettre fin à la crise politique, a annoncé un dirigeant de l'opposition, Vitali Klitschko, après une rencontre avec le chef de l'Etat. «Le président s'est engagé à créer, ce lundi matin, une commission comprenant des représentants de l'administration présidentielle, du gouvernement et de l'opposition pour trouver une solution à la situation de crise», a déclaré l'ancien boxeur. La présidence a confirmé l'information peu après, précisant que la commission serait créée par le secrétaire du Conseil national de sécurité, Andriy Klyuyev, et qu'elle tiendrait sa première réunion aujourd'hui.