L'avarice, c'est Ibukhl, et l'avare Ibkhil. On emploie aussi chah' et mechh?ah?, mais le mot chih' a aussi le sens de «parcimonie», voire d?économie. On recommande l'économie et même la parcimonie et on les oppose au gaspillage et à la dilapidation des biens. ll faut se contenter du strict minimum, dit-on, ou pour citer un proverbe connu, al ?îcha t?alqat? (vivre c?est glaner), c'est-à-dire consommer très peu. On loue particulièrement la femme économe qui permet à l'homme de mettre de l'argent de côté, donc de s'enrichir. Un proverbe kabyle va jusqu?à dire : «Tamettut iherzen tif tayuga ikerzen» (la femme qui économise est préférable à une paire de b?ufs qui labourent). Mais l'économie poussée à l?extrême, l'avarice, est dénoncée car elle empêche les hommes de profiter des richesses que Dieu a mises à leur disposition. En effet, aussi contradictoire que cela puisse paraître, la société algérienne traditionnelle, tout en poussant à l'économie, recommande de profiter de la vie car, dit-on, «la vie est passagère» ! Ainsi, non au gaspillage, mais oui à la jouissance, avec modération, devrait-on ajouter. La morale enseigne aussi que si on doit profiter des biens que l'on gagne, il faut aussi en faire profiter les autres : en faisant l'aumône, en accueillant bien ses hôtes, etc. Ainsi, l'avarice est dénoncée et les avares mis au ban de la société : «Djazâr, wa yet?âcha b eleft» (boucher, et il ne soupe que de navets !), dit le proverbe. On se moque aussi de l'avare qui se prive de tout pour laisser une fortune à ses enfants ; ces mêmes enfants, qui n'ont pas le même sens de la parcimonie que leur père ou leur mère, dépensent les biens thésaurisés : «Li khella elmechh'ah', yakIu Imartah'» (ce que l'avare a laissé, celui qui ne s'est pas privé le dépense !).