Avis n Comment perçoit-on la radinerie ? Si pour le commun des citoyens l'avare finit toujours mal, pour certains, en revanche, se serrer la ceinture est loin d'être un défaut. La vie est de plus en plus dure, affirme d'emblée Smaïl, 43 ans, veilleur de nuit chez un particulier. De son avis, il n'y a pas de mal à être radin de nos jours : «De toutes les manières, si tu ne serres pas la ceinture, tu ne peux pas joindre les deux bouts tellement tout est cher. Personnellement, je ne suis pas radin, mais je comprends parfaitement ceux qui le sont.» Farid, 38 ans, au chômage depuis plus de 4 mois, abonde dans le même sens : «On ne naît pas radin, mais on le devient. Personnellement, je me permettais bien des choses avant car je travaillais, mais à présent, je me contente du strict minimum faute de moyens.» Selon lui, c'est la dureté de la vie qui pousse les gens à l'avarice. «Certes, mais trop c'est trop», rétorque Noureddine, 31 ans, journaliste de profession. «Je suis bien placé pour parler du sujet pour avoir été un grand avare. Confronté à d'énormes difficultés d'ordre financier, j'ai dû limiter au maximum mes dépenses. Il m'est arrivé de sauter des repas pour économiser un peu d'argent. Mais avec du recul, je crois que j'ai très mal fait», souligne-t-il. Et d'enchaîner : «L'avarice est une arme à double tranchant. Si elle permet de tenir le coup pendant un certain temps, elle s'avère inefficace à long terme. Pis encore, elle peut être nuisible. J'en sais quelque chose moi qui me suis privé de tout à une certaine période de ma vie. Le résultat est là : ma santé en a pris un coup et si c'était à refaire, je ne le referais pas pour tout l'or du monde, franchement». Fatima, 60 ans, retraitée, est du même avis : «Je ne crois pas que la radinerie soit une qualité, encore moins une solution. On ne construit pas une maison en sautant les repas comme le croient certains. Ce qui est essentiel est essentiel». Pour elle, il ne sert à rien de se priver de tout sous prétexte de réaliser un projet. «On ne vit qu'une fois, alors il faut en profiter au maximum», dit-elle, tout en notant que les radins se comptent surtout parmi les riches : «Un pauvre ne peut pas être radin pour la simple et bonne raison qu'il n'a rien à économiser.»