Patrimoine ■ Le conte maghrébin était à l'honneur lors d'une performance musicale présentée, jeudi, à la salle Ibn Zeydoun et ce, à l'initiative de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Le spectacle avait pour titre «Semaâ Enda», qui veut dire : «Celui qui entend la rosée». Alternant narration de contes et chansons inspirées de chaque histoire, le spectacle a réuni sept artistes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc autour du patrimoine oral, à savoir donc le conte Kathir Al-Ashab (celui qui avait trop d'amis), El-Meknassia, immortalisée par El-Hadj M'hamed El-Anka ou encore la célèbre légende de Avava Inouva (chantée par Idir), et de la musique populaire maghrébine. Mêlant parole – ici, le conte est dit tantôt en arabe dialectal tantôt en français – et musique, cette performance illustrait à merveille l'ouïe fine et la sensibilité de l'âme. C'est ainsi que la conteuse algérienne Sihem Kennouche, entourée par les musiciens sous la direction de Kamel Maâti et accompagnée de la chanteuse marocaine Hayat Boukhriss venus de Mekhnès et les chanteurs Mehdi Tamache d'Alger, de Mohamed Jebali venu de Tunis, Djelloul Margha d'Adrar, Salem Iddir de Tizi Ouzou et Abbas Righi de Constantine, a captivé, voire enthousiasmé l'assistance. Celle qui œuvre dans un souci de sauvegarde à mieux transmettre aux nouvelles générations le message que renferme chaque conte, a séduit les présents, aussi bien par le talent de sa maîtrise de l'art du conte que par son émouvante déclamation, par la théâtralité de ses gestes et l'harmonie de ses paroles en écho à la musique. L'ambiance créée par cette parfaite combinaison, musique et conte, était telle qu'elle a naturellement engendré de la magie tout au long de la soirée et ce, durant une heure et demie. Le public était ravi, profondément imprégné, littéralement charmé par tant de paroles et de sonorités. C'était un festin de mots dits avec une certaine éloquence et de sons mélodieux. Chaque conte était suivi d'une chanson : c'est l'exemple de Djelloul Merga qui a interprété Lazrag Sâani, une chanson du Sud algérien, reprise par tant de chanteurs et chanteuses. Hiziya, ce poème de Mohamed Ben Guittoun (XIXe siècle), entré désormais dans la légende populaire algérienne, a clôturé le spectacle. Des extraits de ce poème ont été chantés par Djelloul Merga. Selon les organisateurs, ce spectacle se veut un hommage à «toute cette mémoire précieuse qui est une part de nous», c'est «un voyage au tréfonds du Maghreb, là où le conte est devenu chant, là où les phrases parlent à la musique». La soirée de jeudi s'est révélée «un moment de (re)découverte, de partage de sens, de beauté et de valeurs». Le spectacle était un simple éblouissement. Produit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), le spectacle «Semaâ Enda» sera présenté prochainement, selon les organisateurs, dans d'autres régions d'Algérie et à l'étranger.