Résumé de la 10e partie ■ Les énormes portes avant sont restées ouvertes. Mais l'expert affirme qu'il faudrait des milliers de tonnes d'eau pour faire chavirer un bateau de la taille du «Herald». Or ses portes d'embarquement sont situées à près de quatre mètres au-dessus de la ligne de flottaison. Par mer calme, elles devraient donc être largement hors d'atteinte des vagues. Les enquêteurs apprennent que, quatre ans plus tôt, le navire jumeau du «Herald» est, lui aussi, parti de Douvres avec ses portes ouvertes. Pourtant il est arrivé à bon port sans incident. Cela confirme leurs soupçons : même avec les portes ouvertes, le «Herald» aurait dû traverser la Manche sans le moindre problème. Que s'est-il alors passé ? Ian Dande commence à analyser les facteurs qui auraient dû réduire l'espace entre les portes et la ligne de flottaison. Il découvre qu'à Zeebruges, la rampe d'accès pose problème. Elle n'est pas assez longue pour atteindre le pont-garage supérieur. Le commandant Nerry doit remplir le ballast avant d'eau de mer pour que le «Herald» soit à la bonne hauteur. Le ferry se trouve donc un mètre plus bas dans l'eau à l'avant. L'espace entre les portes et la ligne de flottaison n'est plus que de 2,5 mètres. Le port de Zeebruges est relativement peu profond : 15 mètres seulement. Ian Dande a l'intuition que ce détail a son importance. Lorsqu'un bateau avance, il se forme sous la coque une zone de basse pression qui le fait s'enfoncer à l'avant. En pleine mer l'effet est peu marqué, mais Ian Dande découvre grâce à des tests qu'il s'amplifie lorsque le bateau se trouve en eau peu profonde. Quand l'eau est aspirée dans l'espace étroit entre le bateau et le fond de la mer, elle jaillit de dessous la coque plus rapidement. Cette poussée crée une zone de base pression sous le bateau qui le tire encore plus vers le bas. Quand le «Herald» prend la mer ce 6 mars, l'espace entre les portes avant et la ligne de flottaison n'est donc plus que de 1,5 mètre. Naviguer dans ces conditions est certes risquée, mais cela ne devrait pas être suffisant pour que le ferry chavire. Comment une telle quantité d'eau a-t-elle pu entrer dans le pont-garage ? Il n'y a qu'une façon de le découvrir. Le 10 mai 1987, l'équipe d'experts se rend au port de Zeebruges, direction le mouillage numéro 12. Neuf semaines après le drame, Ian Dande effectue une expérience capitale à bord du navire jumeau du «Herald», le «Pride of Free Entreprise». (A suivre...)