Résumé de la 63e partie ■ Chantal embarque sur le «Melbourne» où elle constate que les cabines sont bien moins confortables que celles du «Empress of Australia»... Pourquoi cette question ? demanda Chantal. — Simplement pour savoir quand nous pourrons disposer de votre cabine nous avons un malade qui se rend à Vanna Levu. — Un malade grave ? — Non. C'est un planteur qui vient d'être opéré à Sydney. Il rentre chez lui ; toutes les cabines étant occupées, nous avons dû l'installer dans celle d'un officier. — Je suis désolée pour ce monsieur, mais je suis moi-même assez fatiguée. Vous parlez admirablement le français. — Je l'ai appris dans une école de Melbourne, dirigée par des prêtres français. — Je crois qu'il y a des missionnaires français aux Fidji ? demanda Chantal, sans paraître attacher la moindre importance à la question.. — Oui, Madame. On y rencontre également des sœurs françaises spécialisées dans le traitement des lépreux. Vous avez dû entendre parler de Makogaï, l'île des lépreux ? — On m'a dit que c'était très curieux. Peut-on la visiter ? — Il faut une autorisation spéciale. Personnellement je n'y suis jamais allé, mais quand le «Melbourne» va de Levuka à Vanna-Levu, il longe ses côtes. J'ai même réussi à prendre quelques photographies de la baie de Dallice on y aperçoit des lépreux assis sur la plage. Cette simple vision ne donne aucune envie de débarquer sur l'île. — La vie là-bas doit être épouvantable ? — Il nous est fréquemment arrivé de transporter à Levuka ces sœurs missionnaires françaises dont je vous ai déjà parlé. Elles viennent directement de votre pays pour s'enfermer dans cette petite île longue de trente kilomètres et large de deux. La dernière sœur qui a pris le «Melbourne», voici trois mois environ, était jeune et timide. Elle était très jolie, presque frêle et fit l'étonnement des passagers comment pouvait-on envoyer dans cette île damnée une jeune femme dont la constitution paraissait aussi fragile ? Je dois cependant reconnaître qu'elle paraissait parfaitement heureuse de son sort. Le commissaire du «Melbourne» venait de décrire Marie-Ange, que Chantal connaissait mieux que lui par la Mère Dorothée. Ce n'était pas à elle d'expliquer à ce marin que Marie-Ange n'était envoyée à Makogaï que parce qu'elle l'avait voulu. Marie-Ange avait la vocation de soigner la lèpre, comme lui avait celle de naviguer sur le Pacifique. — Je crois, continua l'officier, qu'un nouveau contingent important de malades va être dirigé incessamment sur Makogaï. A notre précédent voyage, la semaine dernière, nous avons transporté jusqu'à Levuka trois lépreux qui arrivaient de Nouvelle-Zélande. Je vous jure qu'ils n'étaient pas agréables à regarder ! (A suivre...)