Résumé de la 53e partie - C'est en ouvrant la lettre du Dr Petit que la mère supérieure apprend que Chantal est atteinte de la lèpre... Volontairement, joyeusement même, Marie-Ange de Furière a quitté le monde à 21 ans pour devenir, sous notre robe de bure, la petite sœur Marie-Ange. Depuis l'âge de 14 ans, après avoir entendu le récit d'un Père Missionnaire, elle avait décidé de se consacrer aux lépreux. Vous allez la retrouver à Makogaï ; elle vous soignera avec dévouement. Je suis heureuse que vous rencontriez dans l'île quelqu'un de votre monde et contente pour elle à l'idée qu'elle pourra, de temps en temps, parler de son enfance choyée avec vous qui avez dû en avoir une semblable. Vous n'êtes pas mariée ? — Non, ma Mère... — C'est préférable. Quand j'étais à Makogaï moi-même, car j'y suis restée vingt-deux ans avant de rentrer en France pour prendre la direction de notre Maison-Mère, j'ai assisté à l'arrivée de femmes malades qui avaient dû abandonner mari et enfants ; c'était affreusement pénible. J'ai toujours plaint ces malheureuses. Quand on n'a pas d'attaches, on accepte plus facilement de s'exiler. Vous avez encore vos parents ? — Ils sont morts... — Vous êtes donc bien seule ? Vous trouverez à Makogaï une grande communauté de la souffrance et du sacrifice. Quand voulez-vous partir ? — Le plus tôt possible, ma Mère. — Parfait. Mais je vous conseille quand même d'utiliser le bateau plutôt que l'avion qui est très fatigant et dans lequel on ne voit rien ! Tandis que le voyage par mer sera déjà une première détente indispensable pour vous, après le choc psychique que vous venez de subir. Je vous signale que vous avez un paquebot anglais dans cinq jours à Marseille, «L'Empress of Australia», qui vous conduira directement à Sydney. Nous sommes au courant de tous les départs ou arrivées. Vous avez de la chance c'est un excellent bateau. Je pense que vous avez les moyens de payer ce voyage ? — Oui, ma Mère. J'ai une fortune personnelle. — Mon enfant, je ne vous demandais ce renseignement que pour vous faciliter les choses et vous aider financièrement si c'était nécessaire. Avez-vous un passeport ? — Oui, ma Mère. Chantal l'avait fait établir trois mois plus tôt, à la demande de Jacques qui voulait l'emmener vers les lacs italiens faire ce qu'il appelait «leur voyage de noces tardif» — Etes-vous décidée à prendre «L'Empress of Australia» samedi prochain ? Avez-vous le temps matériel de vous préparer à ce grand voyage ? Je vous conseille d'emporter des vêtements très légers et très simples. Chantal ne répondait pas. La Mère Dorothée l'observait en silence, devinant tout le secret de cette angoisse. Les beaux yeux de la jeune femme semblaient l'interroger, lui demander conseil... Elle décida de venir à son aide : — Mon enfant, nulle part vous ne serez mieux soignée que là-bas. (A suivre...)