Résumé de la 54e partie - Quand la mère supérieure dit à Chantal si elle était disposée à embarquer samedi, cette dernière ne lui répond pas... On vous a connue trop jolie ici pour que l'on puisse vous imaginer autrement... Oubliez pour un temps ce que vous quittez... Vous retrouverez tout à votre retour. Une cloche s'était mise à tinter dans le couvent. — Je vais être obligée de vous quitter ; c'est l'heure des vêpres avant lesquelles je dois parler aux novices à la chapelle. Parmi ces novices, il y en a plusieurs destinées à la léproserie de Makogaï : dans quelques années, vous les y accueillerez. La Mère Dorothée s'était levée. — Ma Mère, il y a une chose dont vous ne paraissez pas vous douter, lui déclara Chantal, c'est que je n'ai pas de religion. Chantal osa à peine regarder son interlocutrice en faisant cet aveu elle s'attendait à ce que cette vieille femme impressionnante la foudroyât du regard. Aucun muscle de la figure ridée de sœur Dorothée ne bougea. — Etes-vous déjà entrée dans une église ? demanda-t-elle simplement. — Oui, une fois... Le jour du baptême de Daniel. — Qui est Daniel ? — Le fils de l'une de mes amies... — Je comptais, avant de vous quitter, vous conduire à notre chapelle pour que vous puissiez vous agenouiller au pied de l'autel là, vous auriez demandé à Dieu qu'il bénisse votre voyage. Je n'en ferai rien ; la communauté priera à votre place et le voyage se passera très bien. Il faut que vous sachiez que nous soignons indistinctement tous les malades à Makogaï ; vous y trouverez toutes les religions. Les médecins anglais sont protestants. Là-bas, il s'agit d'abord de guérir le corps ; la guérison de l'âme, vient ensuite si Dieu le veut. Venez, je vais vous montrer, dans le couloir, quelque chose qui vous intéressera... Chantal suivit la Mère Dorothée sans rien dire. Sur l'un des murs du long couloir était peinte une immense carte géographique que la jeune femme n'avait pas eu le temps de remarquer en arrivant. La Supérieure lui dit, en désignant au fur et à mesure différents points sur la carte — Puisque vous avez la chance d'avoir de la fortune, je vous conseille vivement de descendre aux escales : vous découvrirez ainsi des pays merveilleux et des mondes nouveaux. Profitez d'un voyage pareil pour emmagasiner le plus de souvenirs possible, qui vous aideront à passer les longues heures d'attente à Makogaï. Voici Marseille... De là «l'Empress of Australia» vous emmènera directement à Suez, ensuite vous ferez escale à Singapour et Batavia avant d'arriver à Sydney. De Sydney, vous avez une fois par semaine un navire qui se rend à Levuka un petit vapeur que je connais bien, le «Saint-John», et que les habitants de l'archipel ont surnommé le Cargo des Lépreux... Il est réservé exclusivement au ravitaillement et au service de Makogaï. (A suivre...)