Questionnement ■ A l'ère des nouvelles technologiques, qu'en est-il du livre et quelle est sa place dans le paysage des nouveaux supports médiatiques ? Des observateurs pensent que si côté livre le passage du papier au numérique se fait en douceur, la BD numérique a du mal à s'imposer. Ainsi, la bande dessinée numérique peine à trouver ses lecteurs. Car le public amateur de BD est conservateur. Cela porte préjudice à la dynamique de la BD numérique. Toutefois, il y a la nouvelle génération, celle de l'Internet, qui est ouverte aux possibilités offertes par le numérique. Toutefois, le support numérique peut offrir aux créateurs une opportunité de se faire connaître et de faire connaître en conséquence leur travail. Laurant Mélikian, spécialiste de la bande dessinée et auteur d'un dictionnaire de BD, estime, lors d'une rencontre, que «la bande dessinée est en constante évolution, notamment avec l'expansion et le développement des nouvelles technologiques, à savoir le numérique». Et de s'interroger : «Jusqu'où ira l'évolution de la B.D ?» Car pour lui, si de nombreux auteurs de BD se tournent vers des blogs et autres supports d'Internet, seulement parce qu'ils ne sont plus obligés de chercher un canal de diffusion, puisqu'il suffit juste de poster leur BD sur la Toile, il se trouve que les nouvelles technologies, à l'instar de l'Internet, peuvent porter préjudice à la BD, dans la mesure où «elles mettent en péril toute la mécanique de la chaîne du livre, à savoir l'édition, la diffusion... ». Il estime en revanche que cela est loin d'être un danger pour la BD en tant que discipline, puisque des auteurs trouveront en l'Internet un moyen rapide de diffuser leurs albums. D'ailleurs, beaucoup d'albums sont d'abord diffusés sur Internet avant d'être édités. De son côté, Bourrak Rima, auteur de bande dessinée libanais, installé en Belgique, pense, tout en étant convaincu, que «le média numérique ne représente aucun danger». «Il y a seulement le mode de lecture et d'écriture qui change et qui sera différent, mais le langage reste le même, sauf que les applications changent. Cela implique d'autres modes et manières d'approcher la BD en tant qu'art», dit-il. En d'autres termes, le numérique ne peut être qu'un support, mais l'outil en question reste le même, celui de la communication. Pour le bédéiste espagnol, Alvaro Ismael Ortiz, «le support numérique peut jouer en faveur de la BD». «Ma BD, qui est diffusée sur Internet, dans mon blog, est téléchargée chaque jour», déclare-t-il. En outre, les intervenants s'accordent à dire que la BD a son lectorat, que ce soit sur support papier ou sur celui du numérique et tant que le lectorat est là, la BD continuera d'exister et de faire des émules. Si la BD continue d'exister à travers le numérique, c'est parce que le numérique n'est vu que dans la continuité du papier. Une BD sur support numérique n'est qu'une version numérisée du support physique. Le numérique se conçoit alors comme un prolongement de la culture papier. Cependant, le nombre d'achats sur support numérique est limité. Ce n'est pas un marché propice à ce genre de format. Par ailleurs, tous s'accordent à dire que le travail à faire est celui de rassembler des communautés habituellement séparées : chercheurs, artistes (auteurs et dessinateurs de bande dessiné), éditeurs, développeurs de plateformes. Le but est de développer le secteur numérique de la BD.