Dans le cadre de la 6e édition du Festival international de la bande dessinée, une conférence-débat portant sur la place de l'humour dans la bande dessinée a été animée, vendredi, au niveau de l'espace lecture à Riad El Feth. L'humour dans la bande dessinée a pris un essor considérable au fil des siècles. La plupart des participants étrangers ont considéré que l'humour peut avoir de bien nombreuses facettes, évoluant avec le temps. L'humour véhicule une opinion donnée. Pour le Belge Francis Groux, l'un des trois co-fondateurs du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le grand dénominateur commun de la bande dessinée est bien l'humour. Dès son apparition, la bande dessinée s'est appuyée sur le rire. Elle était essentiellement humoristique. Le conférencier indique qu'il existe deux genres de BD. La BD réaliste et la BD humoristique. «La bande dessinée repose sur une partie de réalisation très importante collant à la réalité. Un dessin réaliste peut faire certes rire, mais tout en racontant un histoire donnée. En outre, dans un même pays, à l'image de la Belgique, il existe deux formes d'humours différents. L'humour s'acquiert en changeant de pays et de référence», argue-t-il. Fancis Mayey, qui est originaire de la région de Saint-Etienne, œuvre depuis 1986 dans le domaine de la BD au Québec. En 2012, il décide de créer le festival de la BD de Montréal dont il est le président. Pour ce spécialiste, la bande dessinée québécoise connaît un regain de vitalité. L'humour canadien a réussi à s'accoutumer aux différents courants historiques, politiques, économiques et sociaux. A la fois écrivain et journaliste spécialiste de la bande dessinée, le Français Patrick Gaumer soutient qu'on ne dit pas la même chose à la même époque. Quant à l'humour politique, il a sans cesse été modifié et adapté aux différentes époques. «Il y a un conflit de générations. En effet, au niveau des générations, il y a un brassage». Pour sa part, le bédéiste tunisien Yassin Ellil confie que quand il a commencé à s'intéresser à la bande dessinée, il n'existait sur le marché national que la BD de Tintin. La traduction était inexistante. Par la suite est apparue la BD Kouzkouzeh, mais le véritable essor a été enregistré à la suite du renversement du pouvoir du président déchu, Ali Benali. «Aujourd'hui, les choses bougent en Tunisie. Il y a plusieurs collectifs de jeunes bédéistes talentueux qui excellent à bouger sérieusement. La revue Couscous en est la preuve patente», soutient-il. En tant qu'auteur, le Libanais Bourrak Rima n'adhère pas à l'idée que la BD est détentrice uniquement d'humour. Aujourd'hui, dira-t-il, nous assistons à une multiplication des genres. «C'est un peu plus complexe qu'humoristique. C'est un art qui a acquis une certaine maturité. L'humour dans la bande dessinée est universel, mais cependant spécifique à chaque pays», dit-il. Revenant sur son expérience personnelle, Bourrak Rima — installé en Belgique depuis une vingtaine d'années — indique qu'il a grandi dans un milieu francophone au Liban. Il a eu le plaisir de lire les albums d'Asterix et de Tintin. Mais en relisant les deux albums en question à son arrivée en Belgique, il en a fait une tout autre lecture. «Je pense qu'il y a des niveaux de lecture et d'humour. En refaisant une deuxième lecture du même livre, j'ai compris les nuances. Quand une personne voyage à travers plusieurs cultures, il n'est plus confronté à une connaissance intellectuelle, mais à un vécu. L'humour, ce n'est pas quelque chose de figé, mais de culturel et de progressif. Cela peut changer de génération en génération. La BD est une langue de la narration visuelle.» Les participants à cette rencontre n'ont pas omis de souligner que la traduction de bande dessinée pose un sérieux problème d'interprétation. Il est vrai que plusieurs albums bénéficient d'un traduction fiable, à l'image de Tintin, d'Astérix et de Titeuf. Ils ont de ce fait préconisé une meilleure adaptation des jeux de mots.