Scène ■ C'est dans l'enceinte de l'auguste bâtiment du Théâtre national algérien (TNA), face à la scène, que nous avons pu nous familiariser avec l'histoire de la pièce L'Epouvantail ou, en arabe, Inkad el-fezaa. Cette nouvelle production du Théâtre national est destinée au jeune public. Quoiqu'elle intéresse également les adultes de par l'orientation de l'histoire et l'idée essentielle développée par l'auteur. Avant la première de la pièce théâtrale pour enfants qui aura lieu après-demain, vendredi, l'auteur du texte Youcef Baaloudj et la responsable de la mise en scène Lynda Selam ont tenu, hier, un point de presse pour présenter le nouveau produit culturel et artistique. Lynda Selam à qui l'on doit la mise en scène de la pièce, avoue ne pas se considérer comme metteur en scène mais plutôt comédienne dont c'est la formation et sa première fonction. D'emblée, la jeune femme dira qu'elle a eu un coup de cœur dès la première lecture, après avoir suggéré d'apporter des modifications. Elle met en exergue les problèmes de toutes sortes inhérents au théâtre en l'occurrence ceux liés aux moyens financiers. «On travaille avec les moyens qu'on a...», dit-elle d'un air las sans que son courage soit altéré par tous les tracas rencontrés depuis la première heure où M'hamed Benguettaf lui a proposé le travail et qu'elle a accepté pour voir le spectacle naître et prendre forme. L'Epouvantail est le récit d'une petite fille et de sa poupée. Bonne élève, Houria s'oublie dans les jeux avec sa poupée et régresse en classe. Le père en colère décide de séparer l'enfant et la poupée pour vendre le jouet. La poupée, après plusieurs achats et ventes, atterrit chez un fermier qui en fait un épouvantail pour éloigner les oiseaux de son champ. Et comme dans tous les contes, la poupée, devenue un mannequin couvert de haillons, comme par enchantement est douée du sens de la parole. Les oiseaux auxquels elle parle et qui sont devenus ses amis, les enfants qui viennent rôder autour de ce laid personnage se lient également d'amitié avec la poupée-épouvantail. En écoutant son histoire et celle de Houria sa maîtresse, volatiles et bambins se mettent à la recherche de Houria. Pour la trouver enfin et réunir, la fillette et son amie laquelle reprend sa forme de poupée et fuit celle d'épouvantail. Les enfants et les oiseaux décident de faire subir au fermier le sort d'un épouvantail qu'il a lui-même fait endurer à la poupée. Mais la petite enfance qui ne connaît pas encore la rancune finit par délivrer le cultivateur. Tout est bien qui finit bien. Youcef Baaloudj Un avenir prometteur C'est un jeune homme de 24 ans, informaticien de formation et journaliste à Chourouk TV. Encore inconnu dans le monde des planches où il fait ses premiers pas en écriture théâtrale. Un parcours prometteur puisque sa pièce a eu le premier prix à la seizième édition du concours littéraire des Emirats et qu'elle a été éditée en 1000 exemplaires. Il a, à son palmarès, deux titres à savoir Aala djabiniha thawra wa kitab, un livre sur la révolution tunisienne, édité par «Vescera», et des poèmes Dynamite, parus aux éditions ANEP. L'origine de sa pièce, écrite en arabe littéraire, remonte à son enfance qui, dit-il, «n'est pas loin», ajoutant : «L'époque où l'on nous donnait à voir des pièces de théâtres débiles parce que les adultes considèrent les enfants comme des êtres non doués d'intelligence. C'est une sorte de revanche sur le passé.» «Il faut éveiller le sens de la compréhension des enfants, leur faculté à saisir les réalités et non pas les confiner dans un monde infantile», souligne-t-il. S'agissant des représentations théâtrales destinées aux petits, il signale que «le volet est pauvre chez nous comme, d'ailleurs, dans le monde arabe. Il y a pénurie en la matière.» Une affirmation reprise par Lynda Selam Le texte original comportait «trois scènes mais Lynda a apporté des remaniements en réalisant huit scènes courtes et accessibles...» Evoquant Benguettaf, Youcef Baaloudj ne manquera pas de souligner la disponibilité du directeur défunt du TNA à encourager les jeunes et à vouloir faire émerger une relève dans le monde du théâtre. Le jeune homme affirme continuer à écrire des textes destinés aux enfants et à s'investir dans le théâtre pour enfants, un vide qu'il faut combler. Pourquoi ne pas jouer la pièce en arabe dialectal ? Youcef Baaloudj confie qu'il a, à la demande de Benguettaf, fait une transcription en arabe dialectal, mais le metteur en scène a mieux «senti la première version».