Résumé de la 2e partie ■ Eliane est attirée par la personnalité de Thérèse. Devenir l'infirmière, d'une femme de cette classe, pourquoi pas ?... En un mois, elles sont donc devenues amantes. Au début Eliane éprouve un sentiment de sécurité, elle retrouve un amour de la vie qu'elle avait perdu depuis sa rupture avec son amant. Elle ne traîne plus sa dépression de femme abandonnée, de laissée-pour-compte, et peut enfin revoir sans souffrir les êtres et les lieux où elle fut heureuse. Thérèse a dévoré son passé sans gloire, une nouvelle vie s'offre à elles. Pour sceller cette union, Thérèse exige de pratiquer une coutume africaine douteuse : mélanger leurs sangs dans une éprouvette. Cérémonial mi-magique, mi-ridicule, qu'Eliane commence par refuser puis par accepter. Car elle va tout accepter de sa maîtresse, désormais. Sous prétexte d'admiration pour son talent, pour sa beauté fânée mais toujours imposante, pour sa culture, son aisance à parler d'art et à faire étalage de ses connaissances. Et au bout de deux ans, c'est une relation diabolique, infernale, étouffante qui s'établit. Thérèse se révèle jalouse, possessive,coléreuse, elle boit de plus en plus et parle de suicide, comme on parle d'amour, au noir. Le chantage est permanent, la domination psychologique totale. Cette femme est constamment au bord du gouffre, la mort l'attire, la mort lui sert de mode d'expression. Elle se regarde dans la mort comme dans un miroir funeste. On dirait qu'elle la veut, qu'elle la désire charnellement, et qu'elle l'attend de son amante. Alors lentement, le poison de mort pénètre dans la tête, dans les veines, dans le comportement d'Eliane. Dans l'entourage de Thérèse, un petit village où tout se sait, cette liaison n'est pas inconnue. On s'en étonne. Que fait donc cette jeune femme lisse et tranquille, en âge d'aimer et d'avoir des enfants, avec la «sorcière» de la maison hantée ? Quels maléfices ont envoûté Eliane ? Comment fait-elle depuis cinq ans pour supporter la tyrannie de sa vieille compagne, écouter ses discours d'alcoolique, la regarder se prendre pour une panthère en chaleur ? Car il est certaines nuits où Eliane entend des feulements bizarres. Thérèse se prend pour un félin égaré dans la jungle, griffe, râle, joue les sorcières d'Afrique, bref, se fait un cinéma personnel en noir et blanc complètement délirant. Eliane s'obstine ; esclave, elle veut la sauver de l'alcool, l'aider à ne pas perdre la vue, devenir l'héroïne de ce sauvetage, et l'autre la tient par on ne sait quels pouvoirs. Par la jalousie permanente d'abord : où étais-tu ? avec qui ? que vas-tu faire dehors ? Plus domestique qu'amante, plus terrorisée que consciente, plus esclave que concubine, Eliane encaisse les scènes interminables. Au village on lui dit parfois : «Va-t'en ! Fiche le camp ! Elle est folle ! C'est une malade dangereuse. Tu vas y laisser ta peau !» La panthère a aussi une fille à l'étranger, qui s'est éloignée d'elle, qui ne peut plus rien pour sa mère depuis longtemps. Car on ne peut rien contre sa méchanceté pathologique, ce besoin obsessionnel de détruire l'autre parce qu'on refuse sa propre déchéance. Thérèse est une mère abandonnée - par une fille qui, elle, n'a que des pulsions de vie, pas de mort. (A suivre...)