Résumé de la 8e partie ■ L'équipe d'experts de Didier Lacroix s'intéresse au contenu de la remorque. Une cargaison en apparence inoffensive. Ni la margarine, ni la farine ne sont en effet considérées comme des matières dangereuses. Mais faute d'autres éléments, les enquêteurs creusent cette piste. «Nous avons découvert que des produits qui ne sont pas officiellement classés comme dangereux, peuvent être à l'origine d'incendie très grave», explique Didier Lacroix. Il procède à une expérience révélatrice. Avant d'y mettre le feu, les hommes entassent une tonne de margarine qu'ils enveloppent de plaques de polystyrène. Le matériau isolant qui tapissait la remorque. En deux minutes l'association polystyrène-margarine se révèle être un duo très inflammable. «Les camions réfrigérés contiennent du polyuréthane. Celui-ci produit énormément de chaleur en brûlant. Et il s'enflamme très vite. En fondant, la margarine donne une matière huileuse qui brûle aussi très vite en dégageant une chaleur intense», explique l'expert. La margarine possède un grand pouvoir de combustion. A l'état liquide, elle est presque aussi dangereuse que l'essence. Cette expérience a montré le danger de certains produits à l'air libre. Mais les experts savent que sous un tunnel, le danger est plus grand, car la chaleur d'un incendie s'évacue mal dans cet environnement confiné. Pour en savoir plus, les enquêteurs organisent des tests grandeur-nature dans un tunnel routier désaffecté en Norvège. Les hommes mettent le feu à des remorques afin de mesurer la chaleur que produisent des incendies de camions, chargés de cartons et de meubles. Ces tests ont produit les plus hautes températures jamais enregistrées lors de simulations d'incendies de tunnels. La margarine serait-elle plus inflammable ? D'après les enquêteurs cette cargaison pourrait avoir libéré une chaleur encore plus élevé que les cartons. L'ampleur de l'incendie du 24 mars 1999 a surpris tout le monde. Même l'expert du tunnel du Mont Blanc Jean Martinetti : «d'après les experts on a dépassé une température de 12 000 degré. Cela veut dire qu'aucun matériau ne peut résister. Tout a fondu. Même le béton n'a pas résisté». Les enquêteurs sont stupéfaits. Comment cette banale cargaison de margarine et de farine a-t-elle pu causer un incendie aussi violent qu'un pétrolier de 30 tonnes ? (A suivre...)