Positions ■ Le président déchu Viktor Ianoukovitch a affirmé ce matin qu'il était toujours «le président légitime de l'Ukraine» et assuré qu'il rentrerait bientôt à Kiev, dans une courte déclaration devant des journalistes à Rostov-sur-le Don, en Russie. «Dès que le permettront les circonstances — je suis certain qu'il ne faudra pas attendre longtemps — je reviendrai forcément à Kiev", a déclaré le président déchu en février après trois mois de manifestations et au prix d'une centaine de morts. "Je veux rappeler que je reste le président légitime de l'Ukraine, et aussi le chef des armées", a-t-il ajouté. "Je m'adresse à la communauté internationale : personne n'a le droit de soutenir un coup d'Etat", a encore déclaré M. Ianoukovitch, qualifiant le nouveau pouvoir pro-occidental de "clique" composée d'"ultra-nationalistes et de neo-fascistes". Sans évoquer directement le référendum prévu dimanche pour le rattachement de la Crimée à la Russie, M. Ianoukovitch a affirmé que "la Crimée se détache" de l'Ukraine en raison de la politique des "néo-fascistes" arrivés au pouvoir à Kiev, avant d'assurer que l'Ukraine va se ressaisir et "retrouver son unité". "Vos actes ont eu pour conséquence que la Crimée se détache, que même sous la menace des armes la population du sud-est (majoritairement russophone, ndlr) exige d'être respectée et que soient respectés ses droits", a-t-il déclaré, s'adressant au nouveau pouvoir. "Nous allons surmonter ces troubles (...). Le pays va se ressaisir et retrouver son unité", a-t-il encore déclaré. Hier, c'était Moscou qui lançait sa contre-offensive diplomatique, promettant aux Occidentaux des propositions pour régler la crise dans l'ex-république soviétique. Alors que Kiev crie à l'"agression" et en appelle aux Etats-Unis dans ce conflit inédit depuis la fin de la Guerre froide, la Russie a annoncé qu'elle allait présenter "ses propres propositions" aux Occidentaux pour "ramener la situation dans le cadre du droit international". Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov n'a pas détaillé ces propositions, mais a semblé écarter le principe d'un groupe de contact réclamé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Barack Obama. Dans les propositions occidentales, "tout était formulé dans le sens d'un prétendu conflit entre la Russie et l'Ukraine", a déclaré M. Lavrov, insistant sur le fait que les nouvelles autorités ukrainiennes étaient issues d'un "coup d'Etat".Les Etats-Unis ont appelé hier lundi la Russie à faire machine arrière. Washington veut "que la Russie stoppe ses avancées militaires" et souhaite "l'arrêt d'une marche vers l'annexion de la Crimée et des actes de provocation", a affirmé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. A Bruxelles, l'Union européenne s'est inquiétée de "l'absence de signes de désescalade". "Il semble qu'il y ait des signes d'un renforcement militaire de la position russe" en Crimée et d'"un isolement croissant" de la péninsule, a déclaré Maja Kocijancic, la porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.