Evocation ■ Le photographe Hocine Zaourar signe aux éditions Aglaë, spécialiste du livre d'art, L'Algérie dévoilée, un recueil de photographies de lieux, de paysages, et de tranches de vies représentant l'Algérie revenant à la vie après les années du terrorisme. Ce beau livre, préfacé par le plasticien et sculpteur français Pascal Convert, ambitionne d'abord de mettre en valeur le travail du photographe de presse mais aussi de restituer l'esprit du retour à la vie, à l'espoir par la réappropriation des lieux au début des années 2000. Une trentaine de photos de la ville d'Alger prises entre 2001 et 2012 dans des lieux symboliques de la capitale comme la place des Martyrs, le quartier de Bab El-Oued ou encore le square Port Saïd. A travers l'œil du photographe, ce retour progressif de (à) la vie dans la ville se traduit par ces clichés pris un jour d'éclipse solaire, montrant des rues d'Alger quasiment désertées par la population. Progressivement, la population de la capitale réinvestit l'espace public comme la café Malakoff, lieu de rencontre des artistes de la musique chaâbi ou les parcs d'attraction s'emplissant à nouveau des cris de joie des enfants et retrouvant peu à peu leur raison d'être. L'objectif de Hocine Zaourar s'est aussi longuement attardé sur La Casbah d'Alger où la vieille cité semble renouer avec l'espoir porté par des grappes d'enfants de l'ancienne Médina jouant au football, au baby-foot ou sortant de l'école. Les sabbats, petites ruelles couvertes avec la lumière au bout du tunnel, sont omniprésentes dans cette représentation de La Casbah. Cette série d'une trentaine de photos consacrées à La Casbah n'omet pas cependant de montrer la face hideuse de ce patrimoine de l'humanité tombant en ruine, sous l'effet ravageur de l'abandon, comme en témoignent ces poutres d'étayement posées à la fin du siècle dernier et restées à ce jour en l'état... Hocine Zaourar a également intégré des photographies prises dans des localités de Kabylie telles que Toudja, Azeffoun ou Tigzirt pour montrer les transformations en cours - pas toujours heureuses - dans ces sites balnéaires où la vie, un temps suspendue, reprend ses droits. Une autre série de photos, dédiées à Constantine, montrent, elles, la fascination du photographe pour les ponts de la ville. Autre symbole du retour de l'espoir, Hocine Zaourar publie des photos d'un village de terre de Berrouaghia (région au sud d'Alger durement éprouvée par le terrorisme des années 1990) et où le photographe a aussi immortalisé des scènes de fêtes populaires et des musiciens ambulants animant les places et les marchés. L'Algérie dévoilée se referme sur une sorte de carte postale populaire montrant des petits ports de pêche un jour de mauvais temps et de mer déchaînée, les cimes enneigés de Chréa envahies de skieurs, des concours de plongeons dans une localité côtière algéroise ou encore une caravane de touareg d'Illizi. Photographe de presse depuis les années 1970, Hocine Zaourar est l'auteur de la célèbre photographie de la «Madone de Bentalha» prise le 23 septembre 1997, au lendemain du massacre perpétré par des terroristes dans la localité de Bentalha, dans la banlieue est d'Alger. Cette photo, qui avait fait la «une» de 750 quotidiens dans le monde. a valu à son auteur cinq prestigieux prix internationaux dont le «World press photo 1998» dans la catégorie portrait et le «Prix Bayeux de correspondants de guerre 1998».