Priorité Chez les nations où le football ne cesse de progresser de manière fulgurante, l?importance accordée aux jeunes catégories est incontournable. En décidant de ne plus faire obligation aux clubs d?avoir une école de football, la FAF n?a-t-elle pas fait un pas de géant vers le lâchage de cette catégorie et avec elle l?abandon de ce championnat qui faisait la joie et le plaisir de milliers d?enfants ? Lors de la dernière sortie médiatique du président de la fédération, M. Raouraoua avait motivé cette décision par le fait de vouloir soulager un bon nombre de clubs qui n?ont pas les moyens de se doter de cette catégorie et ainsi d?éviter de les pénaliser dans le déroulement de la compétition. Or, en ouvrant cette porte, le risque de voir disparaître toutes les écoles de football devient grand et une éventualité dans un milieu où il n?y en a que pour les catégories supérieures, notamment les seniors ou plutôt les seigneurs ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître? d?autant que le président de la FAF, lui-même, reconnaît que la pyramide de notre football est totalement déséquilibrée? il n?y a donc pas de quoi se réjouir quant à l?avenir de la discipline vu que la formation et les bases d?une politique des jeunes sont programmées pour une mort probable. Chez les nations où le football ne cesse de progresser de manière fulgurante, l?importance accordée aux jeunes catégories est incontournable. C?est la base même de toute politique de développement. Imaginez seulement cette scène qui est loin d?être un cliché ou une caricature : un dimanche matin sur le terrain d?une petite ville de campagne, de jeunes poussins, accompagnés de leurs parents et de leurs entraîneurs, s?adonnent, sur une pelouse qui ferait frémir le plus inconscient de nos dirigeants, à leur plaisir, celui de taper dans une balle, habillés aux couleurs de leur club et, tenez-vous bien, encadrés par un trio d?arbitres avec sifflet et tenue réglementaire ! Alors que chez nous, il arrive souvent que des rencontres officielles de jeunes se déroulent avec un seul arbitre, et quel arbitre : un bénévole en tenue de ville ! Le fossé est là. Il ne faut pas s?étonner alors de voir nos sélections cadettes ou juniors se faire botter le derrière dans toutes les compétitions qu?elles entreprennent. Sur un autre registre, et pour bien enterrer l?aspect scolarité chez les jeunes footballeurs en particulier, la FAF a aussi pris la décision de ne sélectionner, pour ses futurs centres de formation que les jeunes non scolarisés. Autrement dit : si un enfant est doué en football et crack en maths, il est obligé de faire un choix, mais ne peut se consacrer aux deux. Une autre aberration, lorsqu?on sait que le taux de réussite en football est minime. En France, par exemple, il est de 1 sur 10, soit un taux d?échec de 90%. Pour rester dans ce pays, cité souvent par nos dirigeants comme étant un modèle à suivre, une bonne scolarité est primordiale et les études ne peuvent être délaissées à aucun moment. Pour devenir footballeur professionnel en France, 2 000 centres foot-école sont destinés à accueillir les poussins (8-10 ans du CE2, CM1 et CM2), avant qu?ils n?accèdent aux 400 collèges foot-études pour les benjamins (10-12 ans de la 6e et la 5e) et enfin les 90 centres sports-études pour les moins de 13 ans (4e et 3e) qui dispensent les matières classiques (maths, histoire, sciences,?) et 6 à 8 heures de foot par semaine. Au palier supérieur, on retrouve les centres de préformation, au nombre de huit à travers le territoire de l?Hexagone, dont le plus coté est l?INF Clairefontaine, considéré comme le véritable laboratoire du football français. Une institution qui a vu défiler les Henry, Anelka, Gallas, Christanval, Piocelle et bien d?autres encore et qui exige, comme critère d?entrée, un niveau scolaire acceptable. Et afin de répondre aux exigences du haut niveau, l?INF Clairefontaine songe à baisser l?âge d?intégration de 13 à 11 ans. Par ailleurs, sur les 2,15 millions de licenciés que compte le pays de Zizou, un million de jeunes est recensé dont 685 résidents en centres de formation sans... garantie quant à leur avenir. Côté encadrement, on retient le chiffre de 360 000 bénévoles et des milliers d?éducateurs, d?initiateurs, de formateurs, des gens passionnés, façonnés par des stages effectués au niveau des districts ou des ligues. C?est dire la grosse machine qu?est le football en France, cinquième en Europe après l?Italie, l?Espagne, l?Allemagne et l?Angleterre, mais dont la formation est le numéro un mondial. Où est l?Algérie dans tout cela ? Les choix sont clairs, il n?y a qu?à s?inscrire dans le bon créneau et dans la durée, et avoir les moyens de sa politique.