Concert Jeudi soir, à la salle Ibn Khaldoun, le public, venu très nombreux, a vécu d?admirables retrouvailles musicales avec l?interprète de la chanson arabo-andalouse. Sur scène, et entourée de ses musiciens, Nassima remercie son auditoire de lui être resté fidèle et de l?avoir chaleureusement accueillie, malgré sa longue absence, avant d?entamer son récital musical qui, dès les premières gammes, a sollicité l?attention du public. Celui-ci est resté, durant toute la soirée, sensible à son chant. Nassima, à la voix complète et confirmée, épanouie et expressive, a interprété dans un chant joli et remarquable, son dernier album Esika, une nouba très connue et prisée par les avertis et qu?elle a exécutée avec aisance, grâce et beauté, dans sa totalité, une prouesse musicale qu?elle seule a pu accomplir. Connue pour être l?une des plus belles voix algériennes dans le genre andalou et comme une conservatrice qui ?uvre activement à la préservation de ce riche et précieux patrimoine musical, Nassima, a interprété son chant avec une voix de contralto, solidement posée à l?ouïe, admirablement magnifiée, soignée, afin d?investir l?espace qu?elle a conquis, qu?elle a occupé et où elle a créé aussitôt un univers sublimé par tant de couleurs et de variations musicales. Sur le plan instrumental, Nassima a montré «le haut degré de maîtrise de son interprétation», un jeu musical témoignant d?un savoir-faire certain et achevé. Mais ce qui plaît dans la prestation musicale de Nassima, cette interprète de talent qui affiche ouvertement la fierté de son art et son rôle «d?allier le traditionnel à l?universel sans y perdre l?âme», c?est à l?évidence son chant si merveilleux, si noble, si appliqué. Effectivement, Nassima se laisse écouter, elle fait couler abondamment un chant tantôt lent et langoureux, tantôt léger et rapide, grâce à une voix veloutée qui s?imprime dans l?esprit de l?auditoire dont la sensibilité s?en imprègne. Y. I.