Violences ■ Un groupe jihadiste a revendiqué via les réseaux sociaux les attentats qui ont tué un général de police hier devant l'Université du Caire. Le groupe, baptisé «Ajnad Misr» (les soldats d'Egypte, en arabe), a indiqué avoir organisé l'attaque en réaction à «l'intensification de la campagne d'arrestation de nos femmes et de nos filles», sans plus de précision. «L'explosion de la troisième bombe a été retardée en raison de la présence d'un grand nombre de civils», a précisé «Ajnad Misr» dans un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook et sur twitter. «Elle a été déclenchée après qu'ils ont reculé, afin qu'ils ne reçoivent pas d'éclat», affirme le groupe. Il ne s'agit pas de la première revendication. «Ajnad Misr» a par le passé revendiqué un des quatre attentats à la bombe ayant fait six morts dans la capitale égyptienne le 24 janvier dernier. Ce groupe a été adoubé par «Ansar Beït al-Maqdess», un groupe basé dans le Sinaï, s'inspirant d'Al-Qaïda et ayant revendiqué la plupart des attentats les plus meurtriers depuis l'éviction de Mohamed Morsi. Lors de l'attaque d'hier, trois bombes ont explosé et une quatrième a été désamorcée. Deux engins ont d'abord explosé quasi-simultanément en début d'après-midi devant des abris servant aux policiers en faction devant l'Université du Caire, bastion de la contestation islamiste contre le gouvernement installé par l'armée après l'arrestation de M. Morsi. Le général de brigade Tarek al-Mergawi, de la police judiciaire du Caire, a été tué, et cinq autres personnes blessées. Un autre général, Abdel Raouf al-Serafi, conseiller du ministre de l'Intérieur, figure parmi les blessés, de même que deux colonels et un lieutenant-colonel, ont indiqué des responsables des services de sécurité qui ont requis l'anonymat. Les engins, de confection artisanale selon un officier de police, étaient dissimulés dans un arbre entre les deux abris des policiers. «J'ai entendu les deux explosions et je suis sorti de l'université, j'ai vu le cadavre d'un homme en vêtements civils et un policier qui saignait à la jambe», a témoigné Amr Adel, étudiant à la faculté d'ingénierie. «J'attendais le bus quand j'ai entendu deux explosions. Il y avait de la poussière dans l'air et des policiers criaient», raconte un autre témoin, Sakta Mostafa. Une troisième bombe a explosé deux heures plus tard, sans faire de victime, dans un parc devant l'entrée du campus où policiers et journalistes s'étaient rassemblés après les premières explosions. Une quatrième bombe a été retrouvée par la police, et désamorcée, dans une voiture stationnée près de l'université, ont indiqué des responsables de la sécurité et la télévision d'Etat. Le campus est le dernier bastion des manifestants pro-Morsi. Des étudiants islamistes y tiennent chaque jour des rassemblements, régulièrement dispersés par la police à coups de grenades lacrymogènes ou à l'arme automatique. Le général Mergawi a été enterré dans la journée en présence du Premier ministre par intérim Ibrahim Mahlab. Des policiers portaient le cercueil drapé de rouge. Ces nouveaux attentats surviennent quelques jours après que l'ancien chef de l'armée a confirmé sa candidature à la présidentielle des 26 et 27 mai. M. Sissi a promis d'«éradiquer le terrorisme» dans le pays, déserté par les touristes depuis la révolution qui a renversé le régime de Hosni Moubarak début 2011.