Tension ■ Slaviansk, ville de l'est de l'Ukraine, des groupes armés pro-russes se sont emparés des bâtiments de la police et des services de sécurité. Hier matin, les autorités pro-européennes de Kiev, confrontées au défi d'attaques visiblement coordonnées lancées dans l'est russophone du pays par des groupes armés, portant des uniformes sans insignes, avaient lancé une «opération antiterroriste de grande envergure avec les forces armées». Selon le ministre de l'Intérieur la contre-offensive déclenchée a fait un mort et cinq blessés côté loyaliste et «un nombre indéterminé» de victimes chez les séparatistes. «Le sang a été versé dans la guerre que la Russie livre à l'Ukraine», a affirmé le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov dans un discours à la nation. Le soir, il avait donné un ultimatum aux insurgés pour bénéficier d'une offre d'amnistie s'ils déposaient les armes et évacuaient les bâtiments occupés. «Nous ne laisserons pas la Russie répéter le scénario de la Crimée», a d'ailleurs promis M. Tourtchinov. La Russie a immédiatement répliqué en dénonçant «l'ordre criminel de Tourtchinov de recourir à l'armée pour réprimer les protestations», tout en jugeant, par la voix d'un porte-parole de sa diplomatie, que «c'est de l'Occident que dépend la possibilité d'éviter une guerre civile en Ukraine». Moscou a en outre réclamé et obtenu une réunion «d'urgence» du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité des Nations unies a commencé à se réunir en urgence hier soir pour évoquer la situation dans l'Est de l'Ukraine à la suite du regain de tension dans cette région. A son entrée au Conseil, l'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine a expliqué que la Russie était «très inquiète» des déclarations de Kiev sur un usage de la force contre les séparatistes pro-russes. Des diplomates du Conseil n'attendaient pas de résultats concrets de cette dixième réunion tenue par le Conseil depuis le début de la crise en Ukraine fin février. La plupart de ces réunions ont tourné au dialogue de sourds entre Russes et occidentaux. « Il en sortira un constat de désaccord», a prédit un diplomate occidental. «Les Russes feront valoir leurs arguments et nous leur dirons que cette crise est pilotée par Moscou et que la manœuvre est la même qu'en Crimée», péninsule annexée par la Russie après un référendum dénoncé comme illégal par l'Assemblée générale de l'ONU. S'exprimant sur la situation qui prévaut dans son pays, le président déchu ukrainien, Viktor Ianoukovitch a estimé hier que l'Ukraine était entrée dans la guerre civile. «Le sang a été versé. Notre pays se trouve désormais dans une situation nouvelle : de fait, il a commencé à entrer dans la guerre civile», a-t-il déclaré. Le président, qui a été renversé fin février à la suite de sanglantes manifestations à Kiev a accusé les Etats-Unis de participer directement aux troubles dans l'est de l'Ukraine. Les événements dans l'Est de l'Ukraine rappellent les événements du mois de mars en Crimée, rattachée à la Russie après l'intervention de groupes armés non-identifiés -des militaires russes selon tous les observateurs- et un référendum controversé.