«Quelle est cette Coupe du monde, quels sont ces jeux Olympiques qui s'abreuvent du sang de jeunes innocents ?», hurle en larmes Daisy Carvalho, militante des droits de l'Homme à Rio après les violentes émeutes qui ont éclaté hier mardi à Rio dans une favela du quartier touristique de Copacabana, à quelques semaines du coup d'envoi de la Coupe du monde de football au Brésil. Les troubles ont commencé vers 17h30 locales après que le corps d'un danseur et DJ de la favela Pavao-Pavaozinho, Douglas Rafael da Silva Pereira, 25 ans, a été retrouvé mort dans une crèche locale. Selon les amis de Douglas, il aurait voulu échapper à des échanges de tirs entre policiers et trafiquants de drogue. Il aurait alors sauté un mur pour se réfugier dans la crèche mais aurait été pris pour un trafiquant et battu à mort par les forces de l'ordre de l'Unité de police pacificatrice (UPP), installée depuis décembre 2009 dans la favela en vue de la sécurisation de la ville pour la Coupe du monde de football. Peu après le début de l'émeute, des policiers encerclés par la foule se réfugient dans une maison. IIs menacent de tirer si les habitants tentent d'y entrer. Puis les troupes d'élite de la police arrivent, uniformes noirs, fusils-mitrailleurs, pistolets automatiques. Des coups de feu éclatent. Des trafiquants auraient tiré sur les policiers racontent certains. «Mateus», un déficient mental de 27 ans qui participait à la révolte, est tué d'une balle en pleine tête. «Je voudrais la justice pour les deux, mais la justice n'est pas faite pour les pauvres», dit sa mère adoptive abattue. «Ma plus grande révolte, c'est que j'ai entendu de la bouche d'un policier qu'ils allaient tuer un jeune pour servir d'exemple. Et ils l'ont fait !», poursuit entre rage et sanglots Daisy Carvalho. «Je dis aux touristes : ne venez pas pour la Coupe du monde !», poursuit hors d'elle la jeune femme. Les affrontements ont cessé. Des jeunes parlent de «guerre». Rio de Janeiro, à l'instar d'autres villes du Brésil, est périodiquement secoué par des émeutes qui dégénèrent en violents affrontements. Samedi, dernier, quatre autobus, un camion et deux automobiles ont été incendiés par plusieurs dizaines de manifestants protestant, là encore, contre la mort de deux jeunes gens lors d'interventions policières. Quelques jours plus tôt, à Salvador de Bahia au nord-est du Brésil, l'une des 12 villes hôtes du Mondial, la police avait fait grève avec pour résultat une vague de pillages et 39 meurtres en moins de 48 heures.