Résumé de la 2e partie ■ La bergère explique à Aurore que le fait de se retrouver à la campagne seule, lui ôte plus de chagrins que de plaisirs... Mais, ma bonne mère, dit Aurore, on ne peut pourtant pas rester seule, la journée paraît longue comme un an, quand on n'a pas de compagnie. - Je vous demande pardon, ma chère, répondit la bergère : je suis seule ici, et les années me paraissent courtes comme les jours ; si vous voulez, je vous apprendrai le secret de ne vous ennuyer jamais. - Je le veux bien, dit Aurore ; vous pouvez me gouverner comme vous le jugerez à propos, je veux vous obéir. La bergère, profitant de la bonne volonté d'Aurore, lui écrivit sur un papier tout ce qu'elle devait faire. Toute la journée était partagée entre la prière, la lecture, le travail et la promenade. Il n'y avait pas d'horloge dans ce bois, et Aurore ne savait pas quelle heure il était, mais la bergère connaissait l'heure par le soleil : elle dit à Aurore de venir dîner. « Ma mère, dit cette belle fille à la bergère, vous dînez de bonne heure, il n'y a pas longtemps que nous nous sommes levées. - Il est pourtant deux heures, reprit la bergère en souriant, et nous sommes levées depuis cinq heures ; mais, ma fille, quand on s'occupe utilement, le temps passe bien vite, et jamais on ne s'ennuie. » Aurore, charmée de ne plus sentir l'ennui, s'appliqua de tout son cœur à la lecture et au travail ; et elle se trouvait mille fois plus heureuse, au milieu de ses occupations champêtres, qu'à la ville. «Je vois bien, disait-elle à la bergère, que Dieu fait tout pour notre bien. Si ma mère n'avait pas été injuste et cruelle à mon égard, je serais restée dans mon ignorance, et la vanité, l'oisiveté, le désir de plaire, m'auraient rendue méchante et malheureuse.» Il y avait un an qu'Aurore était chez la bergère, lorsque le frère du roi vint chasser dans le bois où elle gardait les moutons. Il se nommait Ingénu, et c'était le meilleur prince du monde ; mais le roi, son frère, qui s'appelait Fourbin, ne lui ressemblait pas, car il n'avait de plaisir qu'à tromper ses voisins, et à maltraiter ses sujets. Ingénu fut charmé de la beauté d'Aurore, et lui dit qu'il se croirait fort heureux, si elle voulait l'épouser. Aurore le trouvait fort aimable ; mais elle savait qu'une fille qui était sage, n'écoute point les hommes qui leur tiennent de pareils discours. «Monsieur, dit-elle à Ingénu, si ce que vous me dites est vrai, vous irez trouver ma mère, qui est une bergère ; elle demeure dans cette petite maison que vous voyez tout là- bas : si elle veut bien que vous soyez mon mari, je le voudrai bien aussi ; car elle est si sage et si raisonnable, que je ne lui désobéis jamais. (A suivre...)