Résumé de la 3e partie n Le prince entre dans la forêt et découvre le palais où «dort» la Belle au bois dormant... Alors, comme la fin de l'enchantement était venue la princesse s'éveilla et regarda le jeune homme avec des yeux tendres : «Est-ce vous mon prince ? lui dit-elle. Vous vous êtes bien fait attendre !» Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance mais il l'assura qu'il l'aimait plus que lui-même. Ses discours furent rangés : peu d'éloquence, beaucoup d'amour. Il était plus embarrassé qu'elle, et l'on ne doit pas s'en étonner ; elle avait eu le temps de songer à ce qu'elle aurait à lui dire car il y a apparence – l'histoire n'en dit pourtant rien – que la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin, il y avait quatre heures qu'ils se parlaient et ils ne s'étaient pas encore dit la moitié des choses qu'ils avaient à se dire. Cependant, tout le palais s'était réveillé avec la princesse ; chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n'étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim. La dame d'honneur, pressée comme les autres, s'impatienta, et dit tout haut à la princesse que la viande était servie. Le prince aida la princesse à se lever ; elle était tout habillée, et magnifiquement, mais il se garda bien de lui dire qu'elle était habillée comme sa grand-mère et que bien que collet monté elle n'en était pas moins belle. Ils passèrent dans un salon de miroirs, et y soupèrent, servis par les officiers de la princesse ; les violons et les hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes, quoiqu'il y eût près de cent ans qu'on ne les jouât plus ; Puis, après le souper et sans perdre de temps le grand aumônier les maria dans la chapelle du château, et la dame d'honneur leur tira le rideau : ils dormirent peu, la princesse n'en avait pas grand besoin, et le prince la quitta dès le matin pour retourner à la ville, où son père devait être en peine de lui. Le prince lui dit qu'en chassant il s'était perdu dans la forêt et qu'il avait couché dans la hutte d'un charbonnier qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le roi son père, qui était un homme naïf, le crut, mais sa mère n'en fut pas bien persuadée, et voyant qu'il allait presque tous les jours à la chasse et qu'il avait toujours une raison pour s'excuser quand il avait couché deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu'il n'eût quelque amourette car il vécut avec la princesse plus de deux ans entiers et en eut deux enfants dont le premier, une fille nommée Aurore, et le second un fils, qu'on nomma le Jour parce qu'il paraissait encore plus beau que sa sœur. La reine dit plusieurs fois à son fils, pour le faire s'expliquer, qu'il fallait se contenter de ce que la vie nous donnait, mais il n'osa jamais lui confier son secret : il la craignait quoiqu'il l'aimât, car elle était de race ogresse et le roi ne l'avait épousée qu'à cause de ses grands biens ; on disait même tout bas à la cour qu'elle avait les inclinations des ogres et qu'en voyant passer de petits enfants elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux. Ainsi, le prince ne voulut jamais rien dire. (à suivre...)