Bilan ■ Cinq militaires ont été tués, hier soir, dans un assaut contre un point de contrôle situé à quelque 700 mètres du palais présidentiel à Sanaa. Au moment de cette attaque sans précédent, attribuée à Al-Qaîda, le président Abd Rabbo Mansour Hadi ne se trouvait pas au palais, qu'il utilise pour tenir ses réunions pendant la journée et non comme résidence. Selon un responsable des services de sécurité yéménite, l'attaque a été suivie par des échanges de tirs qui ont duré plus de vingt minutes entre la garde présidentielle et les assaillants qui ont capturé plusieurs gardes. Le matin, de hauts responsables militaires yéménites ont échappé à une embuscade tendue par Al-Qaîda dans le sud du pays. Cette embuscade manquée contre un convoi transportant le ministre de la Défense Mohamed Nasser Ahmad et des responsables de la Sécurité s'est produite quelques heures après la mort d'un chef «dangereux et recherché» d'Al-Qaîda, tué par les forces armées à Sanaa. Des hommes ont ouvert le feu sur un convoi qui transportait le ministre, le chef du renseignement Ali Hassan al-Ahmadi et celui de la police militaire Awad Majwar al-Awlaqi, de retour d'un déplacement à Abyane (sud) pour évaluer les avancées de l'offensive contre Al-Qaîda. Peu auparavant, un attentat à la bombe avait blessé onze policiers dans l'est de Sanaa. Ces attaques interviennent alors que l'armée mène une offensive d'envergure contre le réseau dans le sud et que le chef militaire d'Al-Qaîda dans la Péninsule arabique (Aqpa), Qassem al-Rimi, a récemment menacé de représailles les autorités, accusées de faciliter les attaques de drones américains contre son groupe. La violence s'est intensifiée au Yémen depuis le lancement le 29 avril d'une offensive contre le réseau extrémiste. Ces multiples accrochages interviennent alors que l'armée affirme avoir infligé de lourdes pertes à Al-Qaîda dans le cadre de son offensive visant à déloger le réseau de ses bastions des provinces de Chabwa et d'Abyane (sud). Aqpa, bien implanté dans le sud et l'est du Yémen, est considéré comme la plus dangereuse des branches du réseau. «Ces énormes pertes vont pousser Al-Qaîda à commettre des actes hystériques et désespérés, en mobilisant ses partisans et ses cellules dormantes pour s'en prendre aux officiers de la police et de l'armée», a averti le ministère de l'Intérieur. Les autorités ont également annoncé, hier, avoir abattu un Saoudien et un Daguestanais, membres présumés d'Al-Qaîda, dans la province de Chabwa, et arrêté deux Français d'origine tunisienne, également soupçonnés d'appartenir au réseau. «La France confirme l'arrestation de deux ressortissants au Yemen», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères française Romain Nadal. Jeudi soir, l'ambassade d'Arabie saoudite a essuyé des tirs, et la multiplication des actes de violence a conduit les Etats-Unis à annoncer cette semaine la fermeture «jusqu'à nouvel ordre» de leur ambassade au public. Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique où la population est fortement armée, est touché par une violence endémique, qui cible notamment ses installations pétrolières, le privant d'une part importante de ses recettes. Cette semaine encore, un important oléoduc de l'est du pays a été saboté par des hommes armés, provoquant une interruption du pompage du brut.