Alerte ■ Pourtant, tout n'est pas rose. Il faut dire que les blessures infligées au patrimoine national des années durant, restent profondes. Trop profondes pour tout régler en quelques années... En témoigne ce véritable cri d'alarme, lancé il n'y a pas si longtemps par le président de l'association «Santé Sidi El-Houari», le Dr Kamel Brikci, devant la situation catastrophique dans laquelle se trouve ce quartier mythique de la ville d'Oran. «La sauvegarde de ce quartier historique, cœur de la capitale de l'ouest du pays, doit être une priorité et une préoccupation continues des pouvoirs publics», a estimé ce responsable d'une des associations locales les plus dynamiques. La sauvegarde du centre historique, culturel d'Oran et de toute la région, doit être une priorité et une nécessité, car ce quartier renferme la mémoire de l'ouest du pays et de l'Algérie en général, «nous retrouvons des vestiges de l'époque préhistorique jusqu'à aujourd'hui en passant par toutes les civilisations», expliquait à l'issue de ce coup de gueule, le Dr Kamel Brikci, dans un entretien accordé à l'APS. Du site «Scalera», premier quartier d'Oran construit en 1509, seules quelques maisons ont «survécu» à la vague des démolitions entreprises dans les années 70/80. «Edderb», site édifié sous le règne du Bey Mohamed El-Kebir, a failli, lui aussi, être complètement rasé. «Ce sont des pans entiers de l'histoire qui partent dans l'indifférence la plus totale», déplore ce même spécialiste. Sidi El-Houari se dépeuple. Ses habitants sont relogés ailleurs, dans des cités-dortoirs, déshumanisées. Ils se sentent coupés de leurs racines et ne peuvent reproduire dans leurs nouveaux sites d'habitation les valeurs d'entraide, de fraternité et de solidarité, bien ancrées jadis chez les familles oranaises. Au boulevard Stalingrad, des immeubles entiers sont vidés de leurs occupants. Les portes d'accès murés. Les glissements de terrain se multiplient à l'exemple de la rue des Jardins, fermée à la circulation automobile depuis plus de deux années. Les dégâts causés par les cours d'eau souterrains traversant la ville, comme Oued Rouina et Oud R'hi, commencent à paraître à l'œil nu. «C'est une situation inacceptable», s'insurge le Dr Brikci, ajoutant que les plus hautes autorités de la wilaya d'Oran sont conscientes de la situation. «Les déclarations sont là, mais cette volonté politique doit être suivie par la mise en place d'instruments opérationnels pour préserver Sidi El-Houari», a-t-il ajouté, appelant à la mise en place d'«une cellule de crise» pour discuter de la situation et trouver les solutions adéquates. «Nous devons mettre en place un organe exceptionnel avec des moyens exceptionnels pour préserver ce qui reste du quartier et restaurer ce qui est à restaurer», préconise-t-il, en estimant «impérative» une implication de tous, les autorités locales, les associations, les comités de quartiers, les universitaires, les historiens et même les citoyens. «La volonté citoyenne est là. Tout le monde veut sauver Sidi El-Houari», souligne le même responsable.