Impliquer les occupants des maisons classées «vieux bâtis» dans la mission de rénovation et de sauvegarde du patrimoine architectural et historique de la ville est l'objectif auquel tend le concept d'«auto réhabilitation», présenté ce jeudi au siège de l'association oranaise SDH par des experts de l'ONG bordelaise «Compagnons Bâtisseurs». C'est un concept novateur dont la qualité première est son coût peu élevé grâce notamment au principe de bénévolat. La formule qui est destinée en premier lieu aux gens qui n'ont pas les moyens de procéder à la rénovation de leurs maisons en utilisant les procédés dits classiques est toute simple. Elle rallie la compétence et l'expérience acquises par les associations activant dans le domaine de la réhabilitation et de la sauvegarde du patrimoine architectural avec la participation comme masse ouvrière des occupants des maisons destinées à la réhabilitation. L'expérience a été tentée la semaine dernière dans une vieille maison individuelle située dans le quartier de Sidi El Houari. Des bénévoles de l'ONG Compagnons Bâtisseurs et de l'Association SDH, ainsi que les jeunes composant la famille qui habite dans cette maison ont ainsi rallié compétence et savoir-faire des uns et force des bras des autres pour redonner vie à une maison menacée par l'usure du temps et les infiltrations d'eau. Le film retraçant les différentes étapes de cette opération de réhabilitation a été projeté ce jeudi au siège de l'association SDH à Sidi El Houari en présence de représentants de l'OPGI, de l'APC d'Oran, des comités des mosquées de Sidi El Houari, des comités du quartier, du mouvement associatif et des membres de la Coopération espagnole. Le résultat obtenu, avec peu de moyens financiers il faut le dire, a été plus que convaincant. Comme quoi, la sauvegarde du patrimoine architectural à Sidi El Houari et même dans d'autres quartiers de la ville est tout à fait réalisable pourvu qu'il y ait une volonté et une conjugaison des efforts entre l'Etat, la société civile et les citoyens. L'intérêt du concept de l'auto réhabilitation, selon le Dr Brekci, président de SDH, «c'est qu'il apporte des réponses complémentaires concrètes à celles qu'assurent actuellement des programmes étatiques tels que la réhabilitation des 200 et 400 immeubles lancés par l'OPGI ou encore celles consacrées par la Caisse Nationale du Logement (CNL), à travers l'aide de 50.000 dinars destinée à la réhabilitation des logements. Pour le cas précis de Sidi El Houari, ajoute le Dr.Brekci, et outre l'avantage du coût faible, l'auto réhabilitation permet une intervention à l'identique ce qui permet la sauvegarde du patrimoine, mais aussi, elle garantit l'amélioration des conditions de vie des habitants ce qui permet de fixer les populations dans leur quartier de naissance assurant du coup la sauvegarde de la mémoire de Sidi El Houari. Au cours de la rencontre de jeudi, SDH a également projeté le film qu'elle a réalisé dernièrement sur le quartier de Sidi El Houari dans lequel elle lance un message d'urgence pour la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de ce quartier menacé de disparition. A noter enfin que les deux quartiers de Sidi El Houari et d'El Hamri ont bénéficié dans le cadre d'un programme spécial du président de la République, respectivement d'une enveloppe de 1,4 et de 1 milliard de dinars en vue de leur réhabilitation. En dépit de son importance, cette manne financière ne représente en fait qu'une première tranche d'une action qu'on se veut plus vaste, ce qui démontre tout l'intérêt porté par l'Etat à la sauvegarde des quartiers historiques de la ville. Mais à ce jour, peu d'argent de cette enveloppe a été consommé pour la réhabilitation des deux quartiers suscités, excepté peut-être pour l'opération de réhabilitation des trottoirs au boulevard Stalingrad à Sidi El Houari, déplorent des militants locaux pour la sauvegarde du patrimoine.