Communion ■ Dans un style musical proche du ghiwane, avec des poèmes touchant la société dans ses préoccupations quotidiennes, sur des rythmes particulièrement dansants, le groupe "Essed" de Kenadsa (nord de Béchar) a provoqué la liesse populaire en animant un concert mercredi soir à Béchar. Créant l'événement depuis l'institution du Festival national de musique diwane, «Essed» reste l'événement le plus attendu par le public de Béchar qui s'est déplacé à cet énième concert du groupe en nombre impressionnant. Avec le répertoire de ses deux premiers albums déjà connus par cœur de tous, le groupe a enchanté le public de ses sonorités, où le mandole électrifié et le clavier se mêlent au goumbri, au jambé et au karkabou. Lahcen Bestam, chanteur et leader du groupe se dit «fier» de pouvoir satisfaire son public durant autant d'années, tout en sachant qu'il est «très exigeant». Son succès pérenne le chanteur le renvoie au fait de «parler le langage de cette jeunesse» qui l'écoute et qui mérite le meilleur qui se fait en matière de «musique comme en matière d'attention et de formation». Plus tôt dans la soirée un authentique spectacle diwane a plongé, une seconde fois dans ce festival, les spectateurs dans les origines africaines du diwane avec un passage sur scène réservé au bordj «migzawa» dédié aux esprits de la forêt et aux chasseurs. Animé par la troupe «El Megzawine» de Mostaganem, ce spectacle a reproduit au théâtre des scènes de chasse et de bataille selon les préceptes du maallem (chef de cérémonie) de référence, El Mejdoub Sardji, qui a laissé une grande virtuosité dans le jeu de goumbri, un ordre selon lequel se déroule la cérémonie et surtout beaucoup de disciples. Deux autres troupes venues d'Aïn Témouchent et de Mascara ont également pris part à cette dernière soirée de compétition du festival. Notons par ailleurs que la musicologue américaine Tamara Turner, qui participe au 8e Festival culturel national de la musique et danse diwane à Béchar, prépare une thèse de doctorat dédiée à cette expression musicale et chorégraphique ancestrale. «J'ai élaboré un programme de trois années pour effectuer des recherches sur cette musique et chorégraphie, à travers différentes régions de l'Algérie, et ce, sous la supervision de l'université de King's Collège (Londres)», a-t-elle précisé à l'APS. «Actuellement, j'effectue des recherches sur le terrain pour collecter les répertoires des chants (Bordj) et musique diwane des différentes variantes régionales et locales du diwane, dont le wasfan de Constantine, le Banga dans l'Est et Sud-Est ainsi que le dendoun de Ghardaïa et le diwane dans l'ouest, le centre et le sud-ouest de l'Algérie», a-t-elle expliqué. «En Algérie, la musique et la chorégraphie diwane sont d'un très bon niveau artistique, d'où la nécessité de leur connaissance pour les besoins de ma thèse de doctorat et ma présence au festival de Béchar», a ajouté la musicologue américaine. Cette manifestation, de l'avis de Tamara Turner, est «l'un des meilleurs espaces dédiés à la musique diwane et constitue un moyen de connaissance académique des rites sacrés et profanes de la musique et des expressions chorégraphiques de cet art séculaire algérien».