Passion ■ Jacques Ferrandez est un auteur français de bande dessinée. L'essentiel de son œuvre est consacrée à l'histoire de l'Algérie, celle s'étalant sur la période allant de 1830 à 1962. Autrement dit, son travail raconte l'occupation française de l'Algérie. Comprenant dix tomes, ‘Carnets d'Orient' est l'intitulé de son œuvre, et, selon l'auteur, «c'est un travail beaucoup plus historique, qui s'intéresse à la période commune entre l'Algérie et la France». Interrogé sur son intérêt pour l'histoire, notamment celle partagée entre l'Algérie et la France, Jacques Ferrandez répond : «C'est l'intérêt pour mon histoire, cette histoire à la fois compliquée et passionnante, voire passionnelle, dont je suis le produit, et sur laquelle je m'interroge. C'est mon ancrage dans ce pays qui m'a motivé à faire ce travail, puisque je suis né à Alger.» A la question de savoir s'il se considère historien, Jacques Ferrandez rétorque : «Pas du tout. Je n'ai pas la prétention de me considérer comme un historien. En revanche, je me suis beaucoup appuyé sur le travail des historiens. J'ai fait un travail assez rigoureux, assez sérieux, puisque j'aborde un sujet assez compliqué, assez sensible, un domaine sur lequel il convient bien d'avoir des éléments qui soient reconnus historiquement aussi bien du côté algérien que du côté français.» S'exprimant humblement sur son œuvre, Jacques Ferrandez dit : «Je suis auteur de bande dessinée, et ma BD est historique. Si je suis amené à la définir, je la qualifierai de BD réaliste même s'il y a une part de fiction, et aussi de BD pédagogique. C'est une BD qui interpelle l'histoire, l'interroge. Elle nous renseigne sur notre passé.» Celui qui estime que «la BD est une autre forme de la narration historique», explique : «Je raconte les histoires à hauteur d'hommes aux prises avec la grande histoire.» Jacques Ferrandez a adapté ‘L'Etranger' en bande dessinée (elle est apparue aux éditions françaises Gallimard), un roman signé Albert Camus. A ce propos, il dit : «J'ai beaucoup travaillé sur l'histoire partagée entre la France et l'Algérie, et travailler sur l'œuvre d'Albert Camus, c'est-à-dire adapter ‘L'Etranger' en BD s'est révélé une autre étape dans ce travail, qui est pour moi une quête de l'histoire. Les écrits d'Albert Camus m'ont toujours intéressé et concerné. En outre, je suis né à Belcourt (Alger) tout comme Albert Camus qui y a passé son enfance et son adolescence.» Jacques Ferrandez reconnaît que l'adaptation de ‘L'Etranger' en bande dessinée a été «le fruit d'une longue progression car le roman est un monument de la littérature universelle». «Je ne suis pas arrivé comme ça brusquement, c'était lié aussi à l'intérêt que je porte à l'Algérie, une histoire dont je suis le produit car j'ai vu le jour sur le sol algérien», rappelle-t-il. A la question de savoir s'il s'agit là d'un hommage à Albert Camus, Jacques Ferrandez répond : «Effectivement, c'en est un. J'ai essayé d'être fidèle l'œuvre d'Albert Camus, et à son esprit.» S'exprimant sur la place de cette œuvre dans le contexte actuel, Jacques Ferrandez dit : «Elle a une portée universelle. Le texte a été traduit en une quarantaine de langues. Le roman soulève des questions sur le sens de la vie, sur la place de l'homme dans la société.» Interrogé sur une future adaptation d'Albert Camus, Jacques Ferrandez répond : «Je pense que je vais faire une autre adaptation sur Albert Camus. Il s'agit de ‘Le premier homme', qui est son livre autobiographique posthume inachevé.» Quant à ses projets, Jacques Ferrandez confie : «Je n'ai sans doute pas terminé avec l'Algérie. Je pense donner une suite à mes ‘Carnets d'Orient' qui seraient basés sur la période contemporaine, l'après 1962 en Algérie et en en France, parce que l'histoire a continué de part et d'autre.» Notons que pour les amateurs de bande dessinée, Jacques Ferrandez propose, jusqu'au 30 juin, à l'esplanade de l'office Riad El-Feth (OREF), une exposition consacrée à l'adaptation en BD du roman ‘L'Etranger' d'Albert Camus et ce, à l'initiative du Festival international de la bande dessinée d'Alger.