Résumé de la 3e partie ■ Au milieu du tapage et de la tempête, Jean-Pierre crut entendre les voix des esprits du Vent chuchoter des paroles. Malgré l'étonnement , il ne s'effraya point, et il leur répondait : «Sifflez, gémissez, bourdonnez tant qu'il vous plaira, pourvu que mon moulin tourne.» Ton seigneur, dont le château est voisin, n'a pas voulu me recevoir. Ses gens ont fermé les portes avec de gros verrous, les fenêtres avec des volets solides, recouverts de tentures épaisses ; c'est à peine si j'ai pu pénétrer dans ses escaliers par la lucarne d'une tour, et dans ses cuisines par un petit soupirail. Je me suis vengé sur les sentinelles qui montent la garde dans les cours du château en renversant leurs guérites. Chez toi, au contraire, je trouve les murs percés à jour, le toit ouvert, les vitres brisées, le loquet mal attaché. Je n'ai eu qu'à pousser la porte pour entrer dans ta chambre. Voilà une maison comme je les aime. Tu ne possède qu'une mauvaise chaise de paille et tu me l'as présentée de bonne grâce ; je te sais gré de cet accueil hospitalier. Demande-moi quelque service, Jean-Pierre, et je te le rendrai volontiers. - Monsieur le Vent, dit le meunier, tout ce que je vous demande, c'est de souffler trois ou quatre heures par jour sur mon moulin. - Mon pauvre Jean-Pierre, répondit M. le Vent, il ne m'est pas permis de sortir tous les jours. Mme la Pluie occupe le ciel pendant le tiers de l'année et me chasse, comme une ingrate, aussitôt que j'ai amené ses nuages. Le soleil s'arrange encore plus mal avec moi. Je vis enfermé dans ma caverne pendant des mois entiers ; mais j'aurai soin de t'envoyer les zéphyrs et les petits esprits qui vont, par mon ordre, examiner le pays matin et soir, et je leur commanderai de ne pas oublier ton moulin. Quand tu seras embarrassé, malheureux ou persécuté, viens me trouver dans ma caverne, et je te donnerai du secours. Je demeure là-haut, tout au faîte de la montagne du Midi. - Eh ! monsieur le Vent, s'écria Jean-Pierre, je suis malheureux et embarrassé à présent même. Venez tout de suite à mon secours. - Il est trop tard pour aujourd'hui, répondit M. le Vent. Il faut que je parte à l'instant pour Paris, où j'ai une douzaine de cheminées à jeter par terre ; et dans une demi-heure, je dois être rentré chez moi, car voici Mme la Pluie qui me marche sur les talons. Adieu, Jean-Pierre. En parlant ainsi, M. le Vent s'élança d'un bond par la porte, déploya ses grandes ailes et disparut. Au bout d'une demi-heure, les sifflements, gémissements et bourdonnements diminuèrent et finirent par se taire tout à fait. Le meunier reconnut que le Vent était revenu de son voyage et rentré dans sa caverne sur la montagne du Midi ; mais les petits esprits qu'il avait laissés derrière lui suffirent à faire tourner le moulin. (A suivre...)