Résumé de la 2e partie ■ Alors qu'il se lamentait sur son sort, Jean-Pierre vit la flamme de la chandelle qui vacillait et il entendit la girouette rouillée qui tournait sur le toit de la chaumière. Le vent commençait à souffler... Cependant, la girouette rouillée gémissait avec plus de force ; la chandelle faillit s'éteindre, et il fallut la mettre derrière un rideau, car il y avait tant de trous et de crevasses à la chaumière que des courants d'air y entraient de tous côtés. La fenêtre était ébranlée, la porte remuait sur ses gonds, et la cendre de la cheminée volait à travers la chambre. Au milieu du tapage et de la tempête, Jean-Pierre crut entendre les voix des esprits du Vent chuchoter des paroles à ses oreilles : «Sifflons, disaient ces esprits, sifflons par ce carreau cassé. Tâchons d'arracher le papier qui le bouche. - Gémissons, gémissons par ce trou. Accrochons-nous au chaume de cette masure. - Poussons, poussons cette porte mal attachée. - Bourdonnons, bourdonnons dans cette cheminée.» Malgré l'étonnement que lui causaient ces voix mystérieuses, le meunier ne s'effraya point, et il leur répondait : «Sifflez, gémissez, bourdonnez tant qu'il vous plaira, pourvu que mon moulin tourne.» Au même instant, le loquet, qui ne tenait à rien, sauta, la porte s'ouvrit toute grande, et Jean-Pierre vit entrer une figure extraordinaire. C'était un personnage qui ressemblait plus à un génie qu'à un homme. Son corps pouvait se ployer dans tous les sens, tant il avait de souplesse et d'élasticité. Ses yeux brillaient comme du phosphore. Tantôt ses joues paraissaient maigres et plissées, tantôt elles s'enflaient comme des ballons. Sa large poitrine faisait le bruit d'un soufflet de forge. Les deux grandes ailes qu'il avait aux épaules n'auraient pas pu se déployer dans la chambre. Un manteau rouge d'une étoffe légère flottait autour de lui en faisant tant de plis qu'on ne distinguait pas précisément les formes de son corps. Ses pieds rasaient la terre sans qu'il se donnât la peine de marcher ; cependant, comme il venait de fort loin, il paraissait un peu fatigué : «Donne-moi une chaise, dit-il à Jean-Pierre, que je me repose un moment chez toi, avant de poursuivre ma route.» Le meunier offrit avec empressement sa meilleure chaise de paille. «Asseyez-vous, monseigneur, dit-il, et reposez-vous chez moi aussi longtemps que vous voudrez. Ayez seulement la bonté de parler plus bas pour ne point réveiller ma femme, qui est malade, et mon enfant nouveau-né.» «Ne crains rien, répondit l'étranger, le murmure de mes paroles les endormira, au contraire, plus profondément. Je suis M. le Vent, à qui tu as plusieurs fois adressé des prières. Tu ne t'étonneras pas de me voir un peu essoufflé quand tu sauras qu'en moins d'une heure je viens de visiter les côtes de la Bretagne entière et de parcourir un grand espace sur l'Océan.» (A suivre...)