Constat ■ Plusieurs centaines, voire des milliers de migrants subsahariens, circulent librement dans notre pays mais aucune condition d'accueil n'a été décidée pour le moment par l'Etat. Des femmes enceintes sont livrées à elles-mêmes. Des bébés meurent sans que personne ne s'en rende compte. Qui sont ces migrants ? D'où viennent-ils exactement ? Comment sont-ils entrés en Algérie ? Combien sont-ils ? Où passent-ils leur nuit ? Et quel est exactement leur état de santé ? En l'absence d'informations claires, ces questions demeurent sans réponses. Le problème est que des vagues successives de familles affluent chaque jour, vers les centres urbains. De plus en plus, de femmes, d'hommes, d'enfants débarquent chez nous sans papier, en quête de nourriture et de sécurité. A Oran et à Alger, nous avons constaté que ce sont les enfants qui assument la plus grosse tâche : mendier pour ne pas mourir de faim est la seule solution pour le moment ! tous les jours et dès l'aube, des groupes d'enfants et d'adolescents courent les rues, avec à la main une écuelle en plastique pour demander l'aumône. Ils sont partout dans les cafés, dans les marchés, devant les mosquées et même au bord des autoroutes. L'incapacité apparente des autorités à gérer ce flux migratoire n'a pas manqué de susciter l'inquiétude de la population. Une grande partie de celle-ci pense que ces migrants, du moins certains d'entre eux, sont mêlés à tous genres de réseaux de trafic de monnaie, drogue, prostitution ...). Notre pays est considéré comme un pays de transit vers l'Europe, mais ces derniers temps, il semble que ces migrants y envisagent une installation durable. Ce flux migratoire sera-t-il pris en charge par les pouvoirs publics ? Autrement dit, y a-t-il des mesures sérieuses pour au moins héberger cette population comme ce fut le cas pour les réfugiés syriens ? Interrogée sur la question, la présidente du Croissant-Rouge algérien, Saïda Benhabilès, nous a indiqué que le C-RA est capable d'accomplir sa mission humanitaire comme il l'a toujours fait envers cette population en difficulté. «Je viens juste de contacter les représentants du Croissant-Rouge d'Adrar et de Tamanrasset, et ils m'ont assurée que deux centres sont ouverts à Adrar. Pour Illizi j'attends leurs écrits», ajoute-t-elle. Mme Benhabilès précise : «Nous sommes disposés à faire face à ce flux migratoire mais il faut savoir que ce phénomène n'est pas nouveau en Algérie. L'Algérie a déjà accueilli les réfugiés maliens à cause de la sécheresse qui s'est abattue sur cette région il y a quelques années». Qu'attendent les pouvoirs publics pour aider ces populations ? En réponse, notre interlocutrice, nous dit : «En France et en Italie, ils n'ont même pas été pris en charge dans des endroits précis et ils ont été interdits de circuler librement, alors qu'en Algérie, on laisse ces réfugiés circuler librement puisque nous respectons la dignité humaine. Je pars du principe que c'est une population en difficulté qui fuit la mort», a-t-elle ajouté. Le Croissant-Rouge offre à ces réfugiés des aides, notamment des soins, leur assure la nourriture et la sécurité.