Résumé de la 4e partie La Maffia est en Sicile une organisation toute-puissante. Un réseau de résistance locale. Voilà pourquoi Salvatore le chanceux est libéré puis expulsé des Etats-Unis vers la Sicile. Mais la police italienne se demande comment Salvatore fait pour continuer à dépenser tant d'argent ! Elle commence par l'expulser de Rome, puis le surveille à Naples. Le 24 février 1959, le juge Luigi Peluso fait arrêter Salvatore et proclame : «J'ai la preuve qu?il est le maillon le plus important du trafic mondial des stupéfiants !» Bizarre : le procès a lieu à huis clos, et Salvatore est acquitté !? Salvatore le chanceux a-t-il menacé de tout révéler sur son rôle dans le débarquement ? Mais il y a un homme qui n'abandonne pas : le commissaire Enrico Giordano. Il veut avoir ce gros, ce très gros gibier. Et sonne l'hallali. Deux jeunes inspecteurs accompagnent Salvatore à l'aéroport de Capodichino. Ils veulent intercepter ce visiteur qui arrive d'Amérique pour voir Salvatore, Martin Gosch. Ce producteur de Hollywood qui vient, soi-disant, pour préparer un film sur sa vie ! Et qu'on soupçonne être un «courrier» de la Maffia... Il est maintenant 16h 55. L'avion atterrit dans cinq minutes. Salvatore a l'air très mal à l'aise. Il dit : «Allons boire quelque chose en vitesse !» Toujours encadré par les deux inspecteurs, il boit une orangeade. Il sort deux pilules et les avale. Il a une petite grimace d'excuse, et dit : «C'est le c?ur...» Dix-sept heures. L'avion atterrit, la porte s'ouvre. Martin Gosch apparaît en haut de l'échelle d'Alitalia. Il a une serviette de cuir à la main. A cet instant précis, le visage de Salvatore se tord de douleur et il s'effondre entre les deux policiers, au pied de l'échelle de l'avion. Il est mort. C'est le dernier mystère de Salvatore le chanceux : s'est-il suicidé ? Rien ne pourra le prouver. Mais à notre connaissance, il n'y aura pas d'autopsie. On le déclare mort d'un infarctus. Possible... Mais pourquoi juste à l'apparition de Martin Gosch ? Celui-ci, en tout cas, n'avait que de l'argent sur lui. Et pourtant, le commissaire Giordano avoue aux journalistes : «Nous allions arrêter Salvatore et il le savait...» Alors, un dernier élément à ce dossier : Salvatore le chanceux vivait en désespéré depuis deux ans. A cinquante-quatre ans, il est tombé amoureux d'une ancienne danseuse de la Scala, Igea Lissonie. Elle avait trente-sept ans. Il l'a secrètement épousée. Deux mois après, elle est morte entre ses bras d'un cancer. Avait-il depuis, de toute façon, perdu le goût de la vie ? C'est possible. Mais qu'est-il arrivé pendant ce temps à Thomas Dewey, qui avait fait tout cela pour devenir président des Etats-Unis ? Eh bien, en 1948, deux ans après avoir mystérieusement libéré Salvatore, il s'est bel et bien présenté aux élections. Et ça a failli payer ! Il a été battu de très très peu... par un certain Truman ! Quant à Salvatore le chanceux, le lundi 29 janvier l962, il a traversé Naples dans un somptueux corbillard, tiré par huit chevaux noirs, tous avec un pompon sur la tête ; suivi par soixante-treize curieux businessmen en pardessus noir, tous venus des Etats-Unis, eux-mêmes suivis par trois cent soixante-dix-huit autres, d'une élégance plus paysanne, venus de Sicile ; mais tous, absolument tous, avec un chapeau mou sur la tête. Le tout, fébrilement photographié par douze hommes du Narcotic Bureau à la sortie du cimetière : à grande ouverture, parce qu'il pleuvait. Pourtant, toute la ville de Naples, absolument toute la ville, était dehors soit au balcon, soit dans la rue pour voir passer Salvatore «le chanceux». Connu depuis par la traduction américaine de son surnom, «Lucky», accolé à son nom italien : Lucky Luciano.