Constat ■ L'Algérie produit une moyenne de 3,5 milliards de litres de lait cru par an et en importe l'équivalent de 1,5 milliard de litres, alors que le besoin national est estimé à plus de 5 milliards de litres par an. Akli Moussouni, expert en agriculture et développement agricole, qui a rappelé ces chiffres, hier, lors d'une conférence-débat, a affirmé que la possibilité d'évolution de la filière lait est limitée. «C'est une filière qui est dans l'impasse», a-t-il indiqué, expliquant que les rendements de cette filière n'ont pas évolué depuis 30 ans tandis que les exigences du marché ont augmenté. «Nous produisons toujours 10 à 12 litres par vache et par jour.» L'expert pointe du doigt le système d'élevage «traditionnel» et le manque d'alimentation, qui ne peuvent pas permettre une grande production, ainsi que l'absence d'une industrie de transformation de lait. «40 à 50% des jeunes ayant bénéficié de crédit Ansej ont fini par vendre leurs vaches en raison de la non-rentabilité de l'activité» a indiqué l'expert, qui estime que l'Algérie dispose de tous les moyens nécessaires pour le développement de l'agriculture dans son ensemble. Il propose de développer des élevages modulaires. Autrement dit, des fermes de 200 vaches, minimum avec une conduite du cheptel informatisée et un rationnement de l'alimentation. De son côté, Zebdi Mustapha, président de l'Apoce (Association de protection et orientation du consommateur), estime que plusieurs insuffisances sont à l'origine de l'indisponibilité du lait en sachet sur le marché national. L'intervenant cite le groupe Onil «Office national interprofessionnel du lait», qui importe la poudre de lait destinée aux laiteries. M. Zebdi estime que l'Office réserve un traitement inégal, en matière de quota, aux laiteries, selon qu'elles soient publiques ou privées. Selon lui les laiteries privées ne reçoivent qu'un dixième de leurs capacités qu'elles payent à l'avance contrairement aux laiteries publiques dont le payement est à terme. Le président de l'Apoce a expliqué que 30 laiteries ne reçoivent pas leur quota de poudre de lait auprès de l'Onil. Selon lui, l'Office accuse les laiteries privées de détourner la poudre de lait subventionnée pour des produits dérivés. Or, dit-il, 43 laiteries ont été épinglées en janvier dernier sur les 133 existantes et 10 autres ont été fermées au mois de mars dernier par le ministère du Commerce. Par ailleurs Assous Boujamaa, chargé des statistiques au niveau du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), a affirmé que l'Algérie importe une moyenne de 250 000 tonnes de poudre de lait par an. En 2013, les importations ont été estimées à 1,7 milliard de dollars. 80% des importations proviennent des pays fournisseurs : de la Nouvelle-Zélande, d'Argentine, de France, des Etats-Unis, de Belgique et de Pologne. L'Onil «Office national interprofessionnel du lait», a importé 137 000 tonnes de poudre de lait en 2013 soit 52% contre 127 000 en 2012. Les laiteries privées ont importé 48% soit 126 000 tonnes. A noter que les Algériens sont classés parmi les plus grands consommateurs de lait au monde avec 137 litres par habitant par an.