C'est la dernière ligne droite avant le grand événement planétaire. Si plusieurs Brésiliens sont contraints de faire passer l'intérêt national au premier plan, les «Anti-Mondial» ne voudront surtout pas rester les bras croisés. Les manifestations risquent, donc, de redoubler d'intensité dès le début de la compétition «em país do futebol» (au pays du football). Ce lundi matin, la police a dispersé, avec des gaz lacrymogènes, des manifestants qui avaient bloqué une rue centrale. Mais au moment où l'on craignait énormément pour l'organisation de cette compétition, à cause de la fronde sociale qui règne au pays de la samba, la tension, même si elle reste palpable, s'est sensiblement atténuée depuis quelques jours. «Je pense que les gens seront de plus en plus concentrés sur le Mondial dès son entame. Il y aura certainement ceux qui vont profiter de son déroulement pour faire passer leur message. Néanmoins, je suppose que tout va se dérouler dans de très bonnes conditions», nous a déclaré Rodrigo, un vendeur de la rue que certains organisateurs ont tenté d'éradiquer avant le début du Mondial. Ceci dit, l'ambiance de l'événement n'a toujours pas atteint son summum. A Sao Paulo, par exemple, lieu du premier match de la Seleçao, jeudi face à la Croatie, on aperçoit par-ci et par-là des véhicules arborant l'emblème du Brésil. La fête n'est pas à son paroxysme, mais on s'attend à plus de mouvements d'ici le jour J. Les rues qui mènent vers l'Arena Corinthians ont été ornées des drapeaux des nations participantes à la 20e édition de la Coupe du monde. On a retrouvé l'emblème national dans une de ces rues, chose qui témoigne de la présence de l'Algérie, en tant que seul représentant des pays arabes au Mondial-2014. Côté organisationnel, le Brésil, pays du football, n'a toujours pas les voyants au vert. Beaucoup d'interrogations taraudent les esprits, aussi bien des organisateurs que des supporters. Le pays de la samba sera obligé d'être prêt à accueillir l'événement et les milliers de supporters qui afflueront à travers le monde. A quelques jours de l'entame de la compétition, le rythme penche plutôt vers le positif. Même les plus pessimistes affichent une mine plutôt rassurante, contrairement à ce qui se présentait, il y a à peine un mois. Il semble que les Brésiliens seront contraints de faire passer l'intérêt national au premier plan, mais cela ne veut pas dire que les «anti-Mondial» vont rester les bras croisés. Certains citoyens auxquels nous avons demandé leur avis sur la situation, affirment que les manifestations vont redoubler d'intensité dès le début de la compétition. En revanche, d'autres estiment que tous les Brésiliens seront derrière les camarades de Neymar, avec l'espoir de voir Thiago Silva brandir la 6e Coupe du monde le 13 juillet prochain... au mythique stade Maracaña. Ceci dit, même si on vénère le football et les footballeurs au Brésil, il existe tout de même une frange de population qui souhaiterait le contraire. Ce sont les plus pauvres qui préfèreraient voir la Seleçao prendre un coup sur la tête. Pour ceux-là, le Mondial est fait pour les riches. Ce sont eux qui vont en profiter et se permettre d'assister à un tel événement. Ces «anti-Mondial» ont indiqué qu'ils vont boycotter la Seleçao et affirment même aller jusqu'à supporter l'adversaire. Même s'ils sont des fous de foot, ils se sentent trahis par leur gouvernement et feront de l'échec de l'organisation et de la défaite du Brésil une manière de montrer qu'il y a d'autres priorités pour le simple citoyen et que la Coupe du monde ne fait pas vivre. Le grand gagnant ou le plus grand perdant dans cette Coupe du monde, c'est certainement la présidente Roussef Dilma. Candidate à un deuxième mandat aux élections du 5 octobre prochain, la présidente sait pertinemment qu'une finale du Brésil boosterait ses chiffres et lui serait d'une grande aide pour rester au pouvoir.