Négociations ■ Pour la première fois, des représentants américains et iraniens vont officiellement se rencontrer en bilatéral aujourd'hui et demain à Genève, pour discuter du programme nucléaire iranien controversé. L'annonce de cette rencontre surprise a été faite avant-hier par les Iraniens. Washington a confirmé laconiquement la rencontre sans commentaire. C'est la première fois que Téhéran mène des discussions bilatérales officielles hors des séances des négociations avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Des négociations secrètes s'étaient cependant déjà tenues pendant de longs mois à Oman entre Téhéran et Washington en 2013, dans l'espoir de relancer les discussions officielles. Les discussions seront focalisées sur la levée des sanctions américaines en cas d'accord définitif sur le nucléaire iranien, que les deux parties souhaitent conclure d'ici le 20 juillet. En janvier dernier, un accord préliminaire est entré en vigueur sur la levée des sanctions, en échange de la limitation de l'enrichissement d'uranium. L'accord, valable 6 mois, le temps d'élaborer un texte définitif, se termine en principe le 20 juillet. Il peut cependant être prolongé. L'accord global que les 5+1 cherchent à conclure avec l'Iran devrait régler une crise entre Téhéran et la communauté internationale, qui dure depuis plus de 10 ans. Côté américain, la délégation qui viendra à Genève sera conduite par le sous-secrétaire d'Etat William Burns, qui avait déjà participé aux négociations secrètes à Oman. Après les discussions genevoises, une rencontre bilatérale est également prévue par les Iraniens avec la Russie, mais à Rome cette fois-ci, soit mercredi et jeudi. «L'Iran aura des négociations avec tous les membres du groupe 5+1 mais les Etats-Unis sont le principal et le plus important interlocuteur car ce sont les Américains qui ont créé tout ce brouhaha à propos du programme nucléaire pacifique de l'Iran», a déclaré Cyrus Nasseri, membre de l'équipe de négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005 lorsque l'actuel président Hassan Rohani était en charge des négociations. «Toute la question est de savoir si les Etats-Unis sont désormais prêts à faire le pas et accepter une solution raisonnable gagnant-gagnant pour les deux parties. Les dirigeants iraniens, y compris le président Rohani ont répété ces dernières semaines que l'Iran ne renoncera pas à ses droits nucléaires, notamment posséder un «programme de production de combustible nucléaire» pour ses futures centrales et réacteurs. Mais pour Téhéran, il s'agit aussi de discuter des modalités de la levée des sanctions économiques. Selon une source diplomatique française, la réunion de Genève évoquera des «aspects spécifiquement américains concernant la levée des sanctions en cas d'accord». L'étendue du programme d'enrichissement (nombre de centrifugeuses et niveau de la production d'uranium enrichi), le réacteur à eau lourde d'Arak, capable de produire du plutonium, et le site d'enrichissement de Fordo, souterrain et difficile à détruire, sont les principaux sujets de discorde.