Résumé de la 14e partie ■ Le meunier est allé voir M. le vent pour demander un autre petit tonneau merveilleux. «Ce sera mon dernier présent». Un joli petit tonneau d'or et une baguette. Jean-Pierre mit le tout sous son bras et se sauva en courant... Dépêche-toi, Jean-Pierre, dépêche-toi de frapper avec la baguette, car je n'ai point préparé le dîner tant j'avais de confiance dans la bonté de M. le Vent. Jean-Pierre posa le petit baril par terre et frappa un grand coup avec la baguette d'or. La bonde du tonneau s'ouvrit et il en sortit une fumée noire qui monta jusqu'au plafond de la chambre. Cette fumée prit une forme humaine. Jean-Pierre et sa femme distinguèrent une tête et un corps ; mais une tête grosse comme une citrouille, avec des traits affreux, et un corps gros comme le tronc d'un chêne. Le meunier se trouva en face d'un géant d'une force extraordinaire et armé d'un bâton. Aussitôt que le géant put se tenir sur ses pieds, il courut à Jean-Pierre, le saisit d'une main par le collet de sa veste et, de l'autre, il lui appliqua sur les reins vingt-cinq coups de bâton si terribles que le pauvre homme en poussa des cris pitoyables. Cela fait, le géant s'évanouit en fumée et rentra dans le petit tonneau comme il en était sorti. Le meunier et sa femme ne pouvaient se consoler. Jean-Pierre resta pendant une heure étendu sur son lit à gémir ; Claudine pleurait amèrement et le petit Pierrot criait de toutes ses forces. La meunière mettait déjà son bonnet pour aller raconter cette aventure malheureuse à sa voisine la laitière, lorsque M. le baron vint à passer en revenant de la chasse avec ses valets et ses piqueurs. Le seigneur entra dans la chaumière pour se rafraîchir. — Que vois-je donc ? dit-il ; est-ce que ce petit baril d'or serait un nouveau cadeau de M. le Vent ? —Précisément, monseigneur, répondit Jean-Pierre. J'arrive à l'instant avec mon tonneau merveilleux et je ne sais pas encore ce qu'il renferme. —Il faut me vendre cela, mon ami, dit le baron. - Nenni, nenni, monseigneur, répondit le meunier d'un air rusé. C'est assez de vous avoir vendu mon baril d'argent. Je ne recommencerai pas à faire la même faute. —Cependant, si je t'offrais une somme plus forte que l'autre fois, douze mille livres, par exemple ? —Je ne vous le donnerai pas pour quinze mille livres. - Eh bien ! je t'en propose dix-huit mille. —C'est vingt mille que j'en veux avoir. —La somme est énorme ; mais j'ai de l'amitié pour toi, et je ferai ce sacrifice. Tu auras mille écus comptant, et pour le reste je te remettrai une promesse par écrit. —Nenni, monseigneur. Je sais trop bien ce qui arrive à vos promesses signées. Vous me donnerez vingt mille livres comptant, en bons écus, ou vous n'aurez point le petit tonneau d'or, car je fais peut-être encore un mauvais marché. (A suivre...)