Résumé de la 11e partie ■ Après avoir mangé le meunier se coucha, la tête un peu troublée et s'endormit. Claudine se coucha aussi. Elle avait hâte de voir le jour, pour aller conter cette aventure à sa voisine la laitière... Le meunier donna le baril, prit le sac de mille francs, et, comme il ne savait pas lire, il accepta la promesse écrite de son seigneur sans en connaître le contenu. Le baron une fois parti avec le petit tonneau d'argent, Claudine ne tarda pas à rentrer. Jean-Pierre lui raconta le beau marché qu'il venait de faire. Aussitôt elle poussa des cris lamentables et s'arracha les cheveux. —Ah ! sainte Vierge, disait-elle, faut-il que j'aie pour mari un homme qui se laisse tromper comme un sot ! Malheureuse que je suis d'avoir épousé ce maladroit ! Jean-Pierre se mit dans une colère épouvantable. —Femme capricieuse, ne m'as-tu pas reproché toi-même de n'avoir pas demandé dix mille livres à M. le Vent au lieu de ce petit tonneau ? —Vilain niais, quand j'ai dit cela, je ne savais pas encore ce que valait ce tonneau merveilleux. Ne vois-tu pas que les petits nains nous ont laissé de la vaisselle et des couverts ? Tous les jours, ils nous auraient donné de bonnes cuillères d'argent que nous aurions vendues à l'orfèvre. Pourquoi désire-t-on avoir des terres, une maison et des bestiaux ? N'est-ce pas pour manger des poulets rôtis ? Puisque nous les avions, ces poulets rôtis, à quoi bon courir après des champs et des bestiaux ? Les champs seront peut-être détruits par la grêle et les bestiaux mourront de maladie ; tandis qu'avec le petit tonneau nous étions certains de ne manquer de rien. M. le baron s'est moqué de toi. Il ne connaît pas M. le Vent ; il t'a trompé en disant qu'il était de ses amis, et peut-être ne payera-t-il pas, dans quinze jours, les neuf mille francs qu'il t'a promis. Jean-Pierre commençait à comprendre sa sottise. Au lieu d'en convenir, il se mit encore plus en colère. —C'est donc par tes bavardages que M. le baron a appris mon secret. Tu es sortie ce matin pour aller répandre la nouvelle dans tout le pays. Au lieu d'avouer sa faute, Claudine redoubla ses plaintes. Elle appelait son mari imbécile ; Jean-Pierre appela sa femme carogne, et ils se querellèrent tant qu'ils purent, comme font les meuniers et les meunières ; après quoi ils se réconcilièrent parce qu'au fond le meunier était un bon mari et la meunière une bonne femme. Ce que Claudine avait prévu arriva. Le baron, étant maître du petit tonneau magique, ne s'inquiéta plus de ses promesses. Quand le meunier vint au château présenter son billet, on le mit à la porte, en lui disant qu'il était insolent d'oser demander de l'argent à son seigneur. Jean-Pierre ne reçut donc que mille francs au lieu de dix mille qu'on lui avait promis. (A suivre...)