Résumé de la 13e partie ■ Le meunier, ayant sa leçon préparée, se mit en route dès le point du jour . Comme il connaissait le chemin, il ne perdit pas de temps et il arriva devant la caverne à dix heures du matin... Lorsqu'il aperçut le meunier, il lui cria d'une voix de stentor : —Maître Jean-Pierre, tu as le talent d'arriver toujours mal à propos. Il faut que je sois dans un quart d'heure au milieu de l'Océan. J'ai deux vaisseaux à faire naufrager ; va-t'en bien vite, ou sinon je te précipite du haut de la montagne dans la plaine. —Monseigneur, répondit Jean-Pierre, au lieu de tourmenter ces pauvres vaisseaux qui ne vous ont rien fait, écoutez-moi ; je suis malheureux et persécuté. M. le baron est venu chez moi avec ses hommes de guerre et il m'a pris de force mon petit tonneau d'argent. —Cela ne se peut pas, s'écria M. le Vent. Si on avait voulu te prendre le petit baril d'argent par la violence, il se serait enflé si gros qu'on n'aurait pu le faire sortir ni par la porte ni par la fenêtre. Tu l'as donc vendu ou donné volontairement. Tu es un menteur et un fourbe. Je ne sais à quoi tient que je ne te casse la tête. Jean-Pierre se jeta par terre à deux genoux : — Pardonnez-moi, monseigneur, dit-il en pleurant. Si j'ai menti, c'est ma femme qui me l'a conseillé. Je suis au désespoir d'avoir mérité votre colère. —Eh bien ! que me veux-tu ? — Je voudrais un autre petit tonneau merveilleux. — Qu'on lui donne donc mon petit tonneau d'or ; mais ce sera mon dernier présent. Que ce drôle ne revienne jamais dans ma caverne. S'il y remet les pieds, qu'on lui torde le cou à l'instant. Les esprits apportèrent un joli petit tonneau d'or et une baguette. Jean-Pierre mit le tout sous son bras et se sauva en courant. A peine fut-il hors de la caverne que l'orage éclata. Il entendit M. le Vent passer au-dessus de sa tête en volant à une vitesse effroyable. Les esprits de la tempête accompagnèrent le meunier jusque chez lui avec des éclats de rire. —Qu'il est heureux, disaient-ils, qu'il est heureux de posséder le petit tonneau d'or ! —Oui, je suis heureux, répétait Jean-Pierre. Riez tant que vous voudrez ; je me moque de vous. Claudine attendait son mari avec une impatience extrême. Lorsqu'elle le vit revenir, portant le petit tonneau d'or, elle battit des mains et sauta de joie. —Nous voilà riches pour toute notre vie, disait-elle. Ce ne sont plus des couverts d'argent que nous allons posséder, mais des cuillères et des fourchettes d'or. Nous les vendrons et, avec leur prix, nous pourrons acheter des domaines, des maisons et des châteaux. Quand même M. le baron nous offrirait cent mille écus, nous ne lui donnerions pas le tonneau d'or. (A suivre...)