Repaire L?ex-Port-Say est une petite daïra de 5 000 habitants, à quelque 80 km de Maghnia et 160 km de Tlemcen, chef-lieu de wilaya. C?est une station balnéaire jouxtant la ville de Saïdia (Maroc). Nous sommes à un jet de pierre de nos voisins marocains ; tout passe par l?oued, nous dit-on, même le transport des personnes (immigration clandestine des Africains et autres). La contrebande est un phénomène qui apparaît tout le long de la route menant de Maghnia à Port Say, où des chaînes interminables de véhicules se forment devant les stations d?essence. Ici, les automobilistes passent quelquefois plusieurs nuits pour s?approvisionner en carburants... Deux à trois citernes Naftal par jour et cela ne suffit pas, nous dira un chauffeur de taxi, qui poursuit : «Il faut prendre ses dispositions en cours de route. A Port-Say, les non-résidents ont la priorité, si, bien sûr, le produit est disponible.» Le même scénario est constaté le long de la route qui nous mène à Port-Say. Il nous reste 1 à 2 km. Seul un oued d?une largeur infime nous sépare de nos «voisins». «Vous pouvez descendre ici et aller faire de l?auto-stop de l?autre côté», dira notre conducteur, en riant. C?est étonnant mais où sont passés nos gardes frontières ? «Ils s?occupent de la sécurité des estivants en ce moment», renchérit-il. Nous voilà à la station d?essence, même scénario. A l?entrée de la ville, apparaît un kiosque à journaux. La station de taxis est encore loin, mais nous sommes déjà en ville. Nous payons 80 DA la place pour le trajet Maghnia-Marsat Ben-M?hidi. Les quotidiens nationaux et régionaux sont vendus 15 DA, nous feuilletons quelques titres, et demandons des renseignements au buraliste sur les locations. «Vous trouverez à vous loger de 1 500 DA la nuit jusqu?à 12 000 DA le mois? Si vous voulez une tente, il y a des camps à 600 DA la nuit», nous renseigne-t-il. Nous faisons une pause-café, puis un petit tour au marché de fruits et légumes. Là un petit clin d??il nous est lancé, façon de nous dire que c?est la qualité de l?autre côté : raisins, bananes, kiwis, figues de Barbarie, etc. Tout près du marché, le camp de toile de la Sécurité sociale affiche complet. La nuit est à 15 000 DA. Les plages de Port-Say et Mouscarda 1 et 2 ne sont séparées que par des rochers. Sur la première plage, mitoyenne de celle de Saïdia, sont implantés deux postes de surveillance : l?un sur un tas de sable et de pierres, l?autre à la frontière, sur la route reliant Marsat Ben-M?hidi à Saïdia, gardés par des gardes frontières. Un émigré rencontré sur les lieux nous dira : «Je ne dépense mon argent que pour les cafés, les restos et les pédalos, mais regardez en face, sur la plage de Saïdia, les distractions ne manquent pas : animations diverses, jeux d?enfants, les roues géantes, les soirées....»